• HLCÉ

Georg Baselitz, la rétrospective

ArtCentre PompidouExpositionParis 4e

Stéphanie Dulout

24 January 2022

Georg Baselitz, Oberon, 1963-1964, huile sur toile.

Intronisé en octobre dernier à l’Académie des beaux-arts, Georg Baselitz est célébré dans une éblouissante rétrospective, à laquelle il a lui-même contribué, au Centre Pompidou. La première rétrospective exhaustive consacrée à l’œuvre éminemment transgressif du peintre allemand.

Vandalisme esthétique ? Subversion de l’image ? Outrage à la beauté plastique ?… Si le travail de sape de l’image – déformée, ravagée, renversée – mis en œuvre dans la peinture de Georg Baselitz, dès ses débuts en 1960, participe d’une volonté, assumée, de choquer et de provoquer, il procède avant tout d’une volonté de faire table rase de la représentation, de l’imagerie du passé. De même que les bombardements avaient rasé et consumé dans les flammes, sous ses yeux d’enfant, sa ville de Dresde, il fallait dé-figurer l’image, faire disparaître sa vile, et désormais obsolète, fonction représentative, en la saccageant ; par son anéantissement, la conduire à renaître de ses cendres pour être autre, davantage qu’une image, qu’un simple motif (corps, visage ou paysage…).

Georg Baselitz, Wagon-lit mit Eisenbett,2019

Georg Baselitz, Wagon-lit mit Eisenbett,2019 © Georg Baselitz, 2021 Photo Jochen Littkemann, Berlin

C’est ainsi, non par la voie de l’abstraction choisie par bien d’autres peintres de l’après-guerre, mais par celle de la défiguration, que Baselitz a voulu conduire l’image (peinte ou sculptée) à une sorte de surpassement d’elle-même. Dans cette quête de dépassement, il a expérimenté différentes techniques picturales. C’est ce que permet magnifiquement de voir la gigantesque rétrospective du Centre Pompidou. Des “corps-stigmates” de la première grande série des Héros aux visages tuméfiés et aux chairs gangrenées aux “bad paintings” parodiant la perfection raphaélesque et toute la belleza de la Renaissance italienne, bafouant la matière picturale et malmenant la perspective jusqu’à faire basculer les corps dans un vertigineux vortex…

“Je suis né dans un ordre détruit, un paysage détruit, un peuple détruit, une société détruite. Et je n’ai pas voulu réinstaurer un ordre ; j’avais vu assez de soi-disant ordre. J’ai été contraint de tout remettre en question, d’être ‘naïf’, de repartir de zéro.”, déclarait le peintre dans un entretien (1).

 

À l’instar de certaines œuvres tardives de Cézanne où le reflet du motif dans la flaque est plus dense que le motif lui-même, ses paysages et ses personnages sens dessus-dessous acquièrent une densité et une intensité croissantes au fil des ans. Ainsi de la poignante série dédiée à sa femme, Elke, dont on voit la silhouette cadavérique, démultipliée, léviter sur des fonds noirs, blancs, roses ou or ; ou de ses toutes dernières toiles ensevelissant l’image sous de grands pans abstraits…

Destinée à “abstraire l’image de sa fonction figurante” (en affirmant “le primat de la peinture sur le sujet”), à “saper les modèles” (“des siècles d’images canoniques…”), à “[bousculer] notre perception”…, l’”image retournée” de ces corps suspendus en fait de véritables “dramaturgies” (2).

(1)Georg Baselitz, entretien avec D. Kuspit, Goth to Dance, repris en français dans : G. Baselitz, Danse gothique. Écrits et entretiens, 19612019, Édition établie par Detlev Gretenkort, traduit par Régis Quatresous, Strasbourg, L’Atelier contemporain, septembre 2020.

(2)Citations extraites de la conférence de presse (18 octobre 2020) de Bernard Blistène, commissaire de l’exposition.

Degand, où le style devient une signature

Mode & Accessoires

Figure incontournable du raffinement masculin, Pierre Degand a fait de son nom une référence internationale. Artisan, esthète et entrepreneur, il incarne cette excellence discrète et intemporelle qui signe le meilleur du style belge.

Tussen, nouveau QG signé Compagnie ABC

Gourmet

Tussen ouvre ses portes à Uccle et devient le nouveau QG signé Compagnie ABC. Avec ses 150 places assises, sa cuisine belge twistée à partager, ses brunchs le week-end, son ambiance chaleureuse et le bar qui ne se contente pas de servir des cocktails, mais des “instants”.

Uccle

Déjeuner avec Amélie d'Arschot

Vie mondaine

Lors d’un déjeuner organisé par L’Éventail, l’historienne Amélie d’Arschot est venue donner une conférence sur Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842). À travers une documentation abondante, elle a dévoilé les multiples visages de la célèbre portraitiste de la reine Marie-Antoinette : femme libre, stratège de son image, et artiste à la sensibilité inégalée. Un regard neuf sur cette peintre des xviiie et xixe siècles dont les œuvres, lumineuses et profondes, sont à (re)découvrir absolument. © Violaine le Hardÿ de Beaulieu

23/09/2025

Informations supplémentaires

Exposition

Georg Baselitz, la rétrospective

Dates

Jusqu’ai 07.03

Adresse

Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris

Publicité

The Luxembourg Story : mille ans d’histoire au cœur de la ville

Arts & Culture

Sur 1 500 m² d’exposition, The Luxembourg Story retrace plus de dix siècles d’histoire urbaine. Une plongée captivante dans l’évolution de la capitale, du rocher du Bock à la métropole européenne d’aujourd’hui.

Luxembourg

Du 01/10/2025 au 01/10/2030

Tous les articles

Publicité

Tous les articles