Bertrand Leleu
22 October 2025
© HVMC
À l’heure où l’on déplore l’impressionnant éboulement d’une partie de la falaise de la côte d’Albâtre cet été, rien ne pourra enlever le charme de ce lieu mythique que les peintres ont su magnifier depuis des générations. Bernard Buffet fut parmi ceux que ce paysage minéral a séduits. Avec son style graphique reconnaissable, Buffet nous livre ici une vision mélancolique de la côte normande, avec une palette froide, voire glaçante. Dans son refus total d’idéalisation romantique, le peintre présente, à l’instar de ses clowns tristes, une vision presque lugubre du célèbre site. La cote de l’artiste star des années 1950-1960 poursuit sa flambée, se moquant bien du ministre de la culture d’alors, André Malraux, qui déclara : “Tant que je serai ministre, il n’y aura jamais un Bernard Buffet au musée d’Art moderne”… Son style ne laisse assurément pas de pierre.
© Heritage Auctions
Considéré par beaucoup comme le plus grand film de tous les temps, Citizen Kane fut un im-mense succès, lors de sa sortie en salle, en 1941. Orson Welles, à qui les studios RKO avait donné carte blanche, produit un véritable chef-d’oeuvre du 7e art alors qu’il n’avait jamais fait de cinéma. Ainsi, tout objet relatif au film est devenu relique pour les cinéphiles, à l’instar de cette luge Rosebud, objet iconique puisqu’elle en est le sujet principal. Pour les besoins du long métrage, plusieurs exemplaires ont été réalisés, mais seuls trois ont survécu. L’un d’eux est conservé dans la collection de Steven Spielberg ; celui vendu cet été provenait de la collection de Joe Dante, réalisateur entre autres des mythiques Gremlins. Nul doute que cette adjudication lui fera rejoindre les records d’enchères pour un accessoire de cinéma.
© Sotheby’s
Une bataille d’enchères féroce a eu lieu à New York, en juillet, pour remporter ce squelette de dinosaure ! Le spécimen avait quelques arguments à son avantage : monté en position dynamique, la bestiole mesure environ 190 x 310 cm et est le seul squelette de Ceratosaurus juvénile mis au jour. En effet, seuls trois autres spécimens de cette espèce sont connus, mais d’âge adulte. Présenté avec ses mâchoires entrouvertes, ce jeune théropode comprend quarante-trois dents fixes et cinq dents à racine libre, ainsi que des cornes nasales et des crêtes orbitaires parfaitement conservées, cela permet de se faire une idée de la force de l’animal. Pour atténuer les polémiques qui naissent à chaque vente aux enchères liée à l’histoire naturelle, le nouvel acquéreur a promis de prêter le squelette à des laboratoires de recherche.
© Bonhams
Ferrari 250 Europa GT, 1956
Vente du 15 août, Bonhams, Carmel, Californie (*1,29 million d’euros)
Les superlatifs ne manquaient pas pour ce superbe coupé, véritable témoin de l’âge d’or de la marque italienne. Produite dans sa première version entre 1953 et 1955, le modèle 250 Europa GT est une évolution directe de l’Europa, avec une carrosserie légèrement modifiée. Alliant un design élégant, une mécanique performante et un savoir-faire artisanal remarquable, cette automobile était destinée à une clientèle extrêmement aisée, désirant une voiture alliant confort, puissance et design. En 1954, le roi Léopold III en commanda un modèle sur mesure pour son épouse, la princesse Lilian. Ce fut la première d’une collection de trois Ferrari que le couple royal commanda, et pour lesquelles la Princesse s’impliqua personnellement dans la conception, pratique réservée aux clients les plus prestigieux.
© Vichy Enchères
Découverte lors d’un inventaire de succession, cette nature morte aux financiers est un véritable chef-d’oeuvre de l’histoire de l’art français. Lubin Baugin fut longtemps reconnu pour ses élégantes scènes religieuses et mythologiques. Les quatre compositions des collections publiques signées Baugin furent longtemps attribuées à un homonyme. Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’un historien de l’art apporta les preuves que ces quatre natures mortes étaient effectivement de la main du même peintre. Cette récente découverte s’ajoute au corpus connu de Baugin, et montre de façon éclatante la maîtrise du peintre à jouer avec les couleurs et les textures dans des compositions à la symbolique forte. Ici, les gourmandises (sucre et financiers) sont encadrées par le pain et le vin, symboles de la foi chrétienne.
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