• HLCÉ

Chronique du marteau : mars-avril 2025

Accord EnchèresArtArtcurialChasseChronique du MarteauJean Elsen & ses filsMJV SoudantMonnaiePeintureThierry de Maigret

Bertrand Leleu

21 May 2025

Si les ventes d’art contemporain font toujours grise mine, les ventes plus traditionnelles se délectent de nouvelles trouvailles. Que ce soit dans les arts décoratifs ou les arts plastiques, les découvertes ou redécouvertes animent le marché et surprennent un public en quête de fascination.

372 000 €

© Elsen

Royaume d’Espagne, époque Ferdinand et Isabelle (1474-1504)
10 excelentes d’or
Vente du 22 mars, Elsen, Etterbeek

Cette pièce de monnaie offre un remarquable exemple de l’unification monétaire réalisée sous le règne de Ferdinand et Isabelle. Les souverains catholiques ont réussi par leur mariage à unir les couronnes de Castille et d’Aragon, et ainsi unifier le système monétaire du pays lors du traité de Medina Del Campo. La monnaie d’or ainsi introduite, appelée excelente de la Granada, avait une valeur proche de celle du ducat d’Aragon. Sur l’avers de la pièce figure l’effigie du couple royal, symbole de l’unité des deux couronnes, tandis que le revers présente les armes du royaume unifié, protégées par un aigle majestueux. Ce double excelente connut une large émission dans les différents ateliers du royaume. Furent également frappées des pièces de 4, 10, 20 et même 50 excelentes. Tous ces spécimens sont aujourd’hui devenus extrêmement rares. Celui vendu à Bruxelles provenait de la collection du vicomte Charles Vilain XIIII (1803-1878), personnalité politique importante qui fut notamment ministre des Affaires étrangères de Léopold Ier et président de la Chambre des Représentants.

108 800 €

© MJV Soudant

Jacob Jordaens (1593-1678)
Télémaque conduisant Théoclymène devant sa mère Pénélope, huile sur toile
Vente du 23 mars, MJV Soudant, Gerpinnes

Réalisée vers 1640, cette œuvre préparatoire fait partie d’une série de cartons de tapisseries inspirée du chant XVII de l’Odyssée d’Homère. Elle représente l’arrivée de Télémaque, le fils d’Ulysse, accompagné du devin Théoclymène, tous deux déguisés en mendiants, chez la reine Pénélope. Celle-ci, occupée à sa tapisserie, les accueille et apprend de Théoclymène le retour imminent de son mari Ulysse. L’œuvre se distingue par un jeu de clair-obscur qui met en valeur le contraste entre l’ambiance intime du groupe de femmes et la perturbation causée par l’arrivée des visiteurs. Jordaens prend prétexte de cette scène pour représenter un intérieur richement décoré, avec divers animaux. Plusieurs versions et esquisses de cette composition existent, notamment une esquisse conservée au National Museum de Stockholm, et un autre dessin, plus abouti, au musée Granet d’Aix-en-Provence, où des modifications notables sont apportées.

175 000 €

© Accord Enchères

Jean Dunansd (1877-1942)
Vase obus, dinanderie de cuivre et d’argent
Vente du 29 mars, Accord Enchères, Venette (Compiègne)

Si l’origine exacte de la dinanderie reste sujette à discussion, à l’image de l’invention de la frite, une chose est sûre, son nom est indiscutablement tiré de la belle citadelle mosane ! L’un de ses meilleurs représentants est pourtant d’origine suisse. Au début du XXe siècle, Jean Dunand fut, en effet, l’artisan de la remise en lumière de cette technique médiévale. Il a ainsi réalisé des chefs-d’oeuvre, à l’image de ce vase monumental (56 cm de haut) présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts à Paris. La triste ironie de ce vase est sa forme en “obus”, alors qu’il est présenté au salon de 1914… Ce vase, tout de plumes vêtu, est la quintessence du style Dunand, alliant des matériaux précieux dans un décor relativement simple. L’artiste sera le maître incontesté des arts décoratifs lors de la période Art déco et ses œuvres sont aujourd’hui recherchées dans le monde entier.

177 120 €

© Artcurial

© Artcurial

Le Page, à Paris
Fusil de chasse de l’empereur Napoléon Ier à double à silex et canons tournants
Vente du 1er avril, Artcurial, Paris

Les ventes d’art cynégétique ne connaissent pas la crise. Si vous ajoutez, par ailleurs, à un matériel de grande qualité une provenance impériale, vous obtiendrez un résultat détonant. Le fusil de chasse présenté dans la bien nommée vente “Napoléon” a littéralement explosé les enchères ! Il faut dire que l’arme avait de quoi séduire : un décor à l’or d’une tête de chien et d’un aigle guettant sur une branche d’arbre, la signature du célèbre Le Page, ainsi qu’une crosse en noyer ornée d’une pièce de pouce en or portant en incrustation d’or le chiffre mythique “N” sous couronne impériale. À partir de 1804, l’Empereur décide en effet de s’inscrire dans la pratique millénaire des souverains français et fait organiser des chasses impériales par son grand veneur, le maréchal Berthier. La chasse devient alors, comme elle l’était sous l’Ancien Régime, un formidable instrument de politique et de communication.

225 400 €

© Thierry de Maigret

Francis Picabia (1879-1953)
Le pont de Pierre-Perthuis, effet de soleil le matin (Yonne), 1907, huile sur toile
Vente du 2 avril, Thierry de Maigret, Paris

Le Pierre-Perthuis est un site naturel spectaculaire situé en Bourgogne. Ce passage étroit, formé par l’érosion de la roche calcaire, est une ancienne porte d’entrée entre les vallées du Serein et de l’Armançon. C’est en 1907 que Picabia peint cette vue matutinale du pont le traversant. Célébré en tant qu’artiste majeur du mouvement Dada, Picabia fut au tout début de sa carrière paradoxalement influencé par l’impressionnisme et le fauvisme. Cette période du début des années 1900 est assez rare sur le marché et illustre la grande maîtrise du peintre. Son style, lumineux et délicat, est ici proche des mouvements impressionnistes, en total contraste avec la créativité débridée et l’approche iconoclaste de l’art qui l’animera après sa rencontre avec Marcel Duchamp. S’attachant à divers mouvements et styles au cours de sa vie, du fauvisme au dadaïsme, du surréalisme à l’art figuratif, son travail n’a cessé de refléter une recherche personnelle et unique, créant une œuvre plurielle et riche en innovations.

Mois de mai festif chez les ducs de Bragance

Chroniques royales

Ce 13 mai, les ducs de Bragance célèbreront leurs noces de perles, soit trente ans de mariage, et deux jours plus tard, Dom Duarte passera le cap des 80 ans, de quoi braquer la lumière des projecteurs sur ce couple qui aurait pu occuper le trône du Portugal si l’histoire en avait décidé autrement.

Eugène Boudin

Eugène Boudin, le père de l’impressionnisme

Arts & Culture

“Nager en plein ciel. Arriver aux délicatesses du nuage. Suspendre ces masses au fond, bien lointaines dans la brume grise, faire éclater l’azur…”

France, Paris

Du 09/04/2025 au 31/08/2025

Publicité

Emmanuel Beyens : un artiste sans frontières

Marché de l'art

Nomade dès la naissance, Emmanuel Beyens a grandi entre l’Asie, l’Amérique du Sud et l’Europe, façonnant son regard artistique au gré des cultures et des paysages. Aujourd’hui portraitiste reconnu, il cultive une esthétique intemporelle, loin des diktats du marché de l’art. Retour sur le parcours atypique d’un créateur en quête de beauté.

Tous les articles

Publicité

Tous les articles