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Sarah Belmont

06 April 2018

© Emmanuel Nguyen Ngoc

Les premiers stands d'une foire d'art donnent généralement le ton. On pourrait même dire qu'ils annoncent littéralement la couleur. Contrairement à la dernière édition de la Fiac, qui oscillait entre le noir et le blanc, Art Paris Art Fair a opté pour une palette variée. Le constat s'opère dès l'entrée, de part et d'autre du « Point presse ». À gauche, la galerie Éric Mouchet expose de rares dessins et collages multicolores de Le Corbusier, que l'imaginaire collectif associe spontanément à des grisailles. À droite, la galerie Claude Bernard - déjà en janvier à la Brafa - rend hommage à Jacques Truphémus, actuellement à l'affiche du Musée des Beaux-Arts de Lyon.

 
Le Corbusier, La Main ouverte, 1964 Galerie Eric Mouchet - Galerie Zlotowski

Deux autres rapprochements s'imposent, avec la paire d'expositions qu'abrite actuellement le Grand Palais. Miguel Chevalier, que représente la galerie Lélia Mordoch, participe également à l'exposition « Artistes & Robots », accessible par l'entrée Clemenceau. Côté Champs-Elysées, la rétrospective consacrée à František Kupka se déploie tel un arc-en-ciel où il fait bon se promener. Le parcours d'Art Paris Art Fair provoque le même effet.

 
Miguel Chevalier, Extra Natural, 2018, Galerie Lélia Mordoch

Chez Claude Lemand, « l'image de juillet n°1 » signée Abboud ressemble à une carte du monde contrastée. Juste à côté, le triptyque « Three Obelisks » de Dia Al-Azzawi arbore des teintes encore plus tranchées. Quant à Mahi Binebine, ses deux figures azur, réunies sous le nom de « Composition », se dissolvent l'une dans l'autre. La métaphore d'un amour fusion... à basse température, puisqu'il est question de tons froids ?

 
Shafic Abboud, Image de Juillet n° 1., 1970, Galerie Claude Lemand 

Un peu plus loin, un David Bowie bleu trône sur le seuil de la School Gallery. Ce portrait monumental par Konrad, entièrement exécuté au stylo à bille, atteste une maestria exceptionnelle. Même les squelettes - d'ordinaire plâtreux - ont bonne mine ! Les trois crânes de Ghyslain Bertholon, regroupés sous le titre « Vanitatum », arborent pour motif une infinité de crânes juxtaposés. Une mise en abyme rouge écarlate. Bonjour le grand écart chromatique !

 
Ghyslain Bertholon, Vanitatum, 2016, School Gallery / Olivier Castaing

Quand les œuvres manquent d'éclat, la scénographie prend le relais. La Mo. J Gallery, par exemple, a choisi des parois jaune fluo et une moquette fuchsia. Au prime abord, les cimaises d'AD Galerie semblent carrelées. Elles sont en réalité recouvertes de toiles signées Hervé Di Rose, le père de la figuration narrative.

 
Hervé di Rosa, Pure classic déménagement, 2016, AD Galerie 

A ce propos, c'est plutôt l'abstraction qui domine cette édition anniversaire. Le Pinocchio en 3D de Jim Dine (« Liar 2e version », 2017), fierté de la Galerie Daniel Templon, ou le paysage flamboyant de Gérard Garouste (« Saint-Hubert et le nid d'oiseaux », 2013) font pâle figure face aux rayures bariolées d'Eugénie Paultre (Claude Lemand) et de Michel Carrade (Galeries Françoise Livinoc). Quant aux compositions méandreuses d'Alain Clément (Die Galerie), près de la sortie, ells bouclent la boucle.

Vie mondaine

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