À l’Académie, il a étudié auprès du célèbre peintre allemand de paysage et de genre Karl Raupp (1837-1918). L’influence de Raupp est visible dans les premières œuvres de Voegtli, car il travaillait dans un style plus associé au réalisme.

Cependant, l’artiste se détache très vite de cette influence traditionnelle et s’oriente vers un nouveau style qui incorpore des éléments beaucoup plus modernes issus de l’impressionnisme, du postimpressionnisme, du fauvisme et de l’expressionnisme, autant de mouvements nés en France et en Allemagne mais dont les idées se sont répandues dans toute l’Europe. L’Académie est alors une plaque tournante pour toute une nouvelle génération d’artistes destinés à occuper une place de premier plan dans l’art moderne, encouragés par des professeurs progressistes comme Franz von Stuck (1863-1928). Parmi les anciens élèves de l’Académie à l’époque où Voegtli la fréquente citons des visionnaires modernes tels que Vassily Kandinsky (1866-1944), Giorgio de Chirico (1888-1978), Paul Klee (1879-1940) et Franz Marc (1880-1916). L’influence de ces contemporains et l’environnement dynamique dans lequel ils ont été instruits se retrouvent dans l’utilisation par Voegtli de couleurs vives et audacieuses, ainsi que dans ses coups de pinceau rapides et libres.

L’artiste s’implique également dans la politique municipale de la ville de Bienne, occupant plusieurs postes liés à l’infrastructure et à la planification urbaine. La plus grande exposition de Voegtli de son vivant a lieu en 1931, à la galerie Benador, à Genève, avec une centaine d’œuvres. Une critique du journal local Express fait l’éloge des œuvres, notant en particulier une belle maîtrise de l’aquarelle.

En dehors de deux œuvres littéraires (un recueil de nouvelles illustrées de croquis intitulé Hagebutten (les cynorhodons, 1923) et une pièce de théâtre Flammen in den Herzen (Flammes dans le cœur, 1936), l’œuvre de l’artiste comprend des paysages, des portraits, des natures mortes et des caricatures. Il reçoit également des commandes de fresques pour des bâtiments publics. Aujourd’hui, Hans Vögtli (son petit-fils) est le principal héritier de son œuvre.

Julius Voegtli meurt à Bienne le 21 novembre 1944, à l’âge de soixante-cinq ans. Il bénéficie aujourd’hui d’une large reconnaissance dans le monde de l’art actuel pour ses contributions artistiques. Au cours de l’hiver 2017-2018, certaines de ses peintures et certains de ses dessins ont été exposés au musée d’art Dounan à Kunming, en Chine. Une exposition de ses œuvres a également été organisée au musée Mark Rothko de Daugavpils, en Lettonie, en 2018-2019. On peut aussi admirer certaines œuvres de Voegtli peuvent au Neues Museum Biel (NMB). En 2020, plus de quatre-vingts œuvres de l’artiste ont été exposées au Hong Art Museum, à Chongqing. Toujours en Chine, une grande exposition Voegtli sera présentée au printemps prochain à l’Archive Art Museum de Pékin.  Courant 2022, la maison d’édition allemande Pashmin Art Publisher publiera une monographie très complète sur la vie et l’art de Julius Voegtli.

Le professeur Wang Lei est membre du comité des critiques d’art chinois, académie des arts & du design de l’Université Tsinghua à Pékin. 

En couverture : Nature morte (pommes), 1925, huile sur toile, 53 x 37 cm. © DR