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Belgique, pays des licornes ?

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Martin Boonen

23 October 2025

Cinq start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars, des dizaines de scale-up en croissance rapide, et un écosystème structuré autour de la recherche et de l’excellence. La Belgique affirme désormais son statut de hub technologique européen, en dépit de l’ampleur des défis à relever.

Le terme de “licorne” désigne une start-up non cotée en bourse et valorisée à plus d’un milliard de dollars. Née dans la Silicon Valley, cette appellation souligne le caractère exceptionnel de ces entreprises, à la fois rares et porteuses d’un fort potentiel d’impact économique et technologique. Pendant longtemps, la Belgique n’en a compté aucune dans son bréviaire d’entreprise. Aujourd’hui, avec cinq licornes actives et plusieurs “soonicornes” (des licornes en devenir) en embuscade, elle rattrape son retard et s’impose dans le paysage européen.

Cinq géants nés dans un petit pays

Parmi les cinq licornes que compte aujourd’hui la Belgique, Collibra occupe une place historique. Créée en 2008 à Bruxelles comme spin-off de la Vrije Universiteit Brussel et première licorne belge, l’entreprise s’est hissée au rang de leader mondial de la gestion des données. Sa plateforme est utilisée par des institutions de premier plan telles que Toyota, L’Oréal ou le Département de la Défense des États-Unis (DOD). Sa valorisation actuelle atteint 5,25 milliards de dollars.

© Collibra

Autre fleuron technologique, Odoo voit le jour à Louvain-la-Neuve, en 2002, sous l’impulsion de l’emblématique Fabien Pinckaers (qui a récemment multiplié les sorties médiatiques remarquées). L’entreprise a su s’imposer comme une alternative open-source face aux géants de l’ERP (Enterprise Resource Planning) – dont SAP en ligne de mire – avec une suite d’applications utilisée par plus de 13 millions de PME dans le monde. Portée par une croissance annuelle de 40 %, un chiffre d’affaires de 282 millions d’euros en 2023 et une levée de 500 millions d’euros, Odoo, la plus célèbre des licornes belges, atteint aujourd’hui une valorisation de 7 milliards d’euros.

© Xavier Piron, Photo News

© Deliverect

La scène gantoise est, elle aussi, bien représentée avec Deliverect, fondée en 2018. La start-up s’est spécialisée dans l’automatisation des commandes pour la restauration, en connectant les plateformes de livraison aux systèmes de caisse. En 2022, elle franchit le seuil du milliard de dollars après une levée de 130 millions d’euros. Elle traite aujourd’hui plus de 1,5 million de commandes par semaine, réparties dans de nombreux pays.

Team.blue, pour sa part, est née de la fusion en 2019 de plusieurs groupes d’hébergement web européens orchestrée par Jonas Dhaenens. Présente dans vingt-deux pays et forte de plus de 3000 collaborateurs, l’entreprise propose un large éventail de solutions numériques pour les PME, allant de l’e-commerce à la cybersécurité. Sa valorisation s’élève aujourd’hui à 4,8 milliards d’euros.

© Team.Blue

© Lighthouse Intelligence

Enfin, Lighthouse Intelligence, la plus récente du groupe, a été fondée en 2012 à Gand. Spécialisée dans l’intelligence commerciale pour le secteur hôtelier, elle a levé 370 millions de dollars en 2024 pour soutenir son développement mondial. Sa plateforme traite quotidiennement plus de 140 téraoctets de données au service de 70 000 établissements répartis dans 185 pays.

L’innovation belge ne s’arrête pas aux licornes

Plusieurs scale-up s’imposent comme figures montantes. Robovision, à Gand, démocratise l’intelligence artificielle (IA) dans la vision industrielle. TechWolf, quant à elle, développe une technologie de cartographie des compétences utilisée par de grands groupes internationaux.

Des acteurs comme Trustup (mise en relation artisans/clients), Paleo (protéines alternatives), Greenomy (fintech durable) ou Aikido Security (cybersécurité “developer-first“) alimentent un vivier foisonnant. En 2025, plus de 378 millions de dollars ont été levés sur le premier semestre. Imec-istart, l’accélérateur d’entreprises de l’IMEC, installé dans la Grand Poste de Liège, récemment élu meilleur accélérateur universitaire au monde par UBI Global, recense 340 start up dans son écosystème.

Un écosystème structuré, mais inégal

Le succès belge repose sur un ensemble d’atouts : des universités de pointe (KU Leuven, UCLouvain), des centres de recherche comme l’IMEC (microélectronique) ou VIB (biotechnologies), une main-d’œuvre hautement qualifiée, multilingue et un maillage dense d’incubateurs.

La Belgique se met d’ailleurs à l’heure de l’IA, puisque cette matière concentre 70% des investissements technologiques. La biotech reste un autre pilier stratégique avec la “Health & Biotech Valley” (l’écosystème biopharmaceutique et biotechnologique belge), qui regroupe plus de 600 entreprises et mobilise plus de 5 milliards d’euros en recherche & développement. En 2024, le montant total levé par les start-up technologiques belges a ainsi atteint 1,43 milliard d’euros, un record.

Défis persistants, ambitions affirmées

Malgré cette effervescence, des fragilités demeurent : la pénurie de talents freine la croissance de 51% des start-up. Les disparités régionales sont marquées : 74% des investissements sont captés par la Flandre, contre 13% pour la Wallonie et 11% pour Bruxelles. L’accès au financement en phase de croissance reste un point de tension.

Pour autant, la dynamique est lancée. Avec un tissu entrepreneurial en maturation, une génération de fondateurs en réinvestissement, et une ambition désormais assumée de devenir une fabrique à licornes, la Belgique trace sa voie.

Illustration de couverture : © DR

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