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Martin Boonen

02 March 2016

© Färm

"Mon associé Alexis Descampe et moi-même sommes biologistes. On avait envie de sortir du confort que la recherche universitaire peut parfois procurer aux scientifiques, pour créer une entreprise qui porterai les valeurs qui comptent pour nous", c'est comme ça que Baptiste Bataille raconte la genèse de leur premier magasin The Peas, inauguré dans le quartier Linthout-Tongres, à Bruxelles en 2009.

Ces valeurs ce sont celles d'une alimentation biologique, avec des produits locaux, livrés en direct, et aussi celles d'une distribution équitable tant pour le consommateur, le distributeur que le producteur. Pas facile à mettre en place, mais la même année, ils rencontrent un investisseur qui croit en leur projet et en leurs idéaux : "C'était la rencontre de gens qui ont des valeurs et des moyens et de gens qui n'ont pas de moyens, mais des valeurs et de l'énergie" résume Baptiste Bataille. De cette rencontre nait Färm, et un second magasin dans le quartier Sainte Catherine (The Peas est rebaptisé également Färm dans la foulée).

Coopératif

Mais de magasins, pour Baptiste Bataille, il n'est pas vraiment question quand on parle de Färm : "Pour moi il s'agit beaucoup plus, et c'est important parce que c'est au cœur du projet, de coopératives alimentaires que de magasins". Coopérative ? "Cela signifie que n'importe qui peut acheter une petite part de l'entreprise et donc devenir coopérateur. Cela leur permet de participer à la gestion du projet, soit activement, soit via un représentant des coopérateurs dans le conseil d'administration de Färm". Via ce représentant, les coopérateurs pourront donc sa manifester sur des sujets comme le bien-être dans l'entreprise, la politique salariale, ou le choix des produits. Impliquer les clients dans la gestion du magasin, ce n'est déjà pas commun, mais Färm va encore plus loin. Au conseil d'administration siégeront aussi des représentants des fournisseurs et des producteurs. "Tout le monde a des intérêts différents: le client veut acheter moins cher, le producteur veut vendre plus cher, et l'employé veut gagner plus. En asseyant tout le monde à la même table on veut faire en sorte de ne léser personne"

Grandes surfaces urbaines

C'est qu'en s'installant sur des grandes surfaces (environ 400m2 par magasin), Färm prend le risque qu'on confonde l'enseigne avec les poids lourds de l'alimentation industrielle, pas vraiment reconnus pour leur altruisme. "En soi, la grande distribution, ce n'est pas un gros mot et ça n'a rien de péjoratif. C'est juste une référence technique à une certaine surface de vente, ça ne signifie pas forcément qu'on s'engraisse sur le dos de tout le monde : consommateur et producteur en premier". Outre la taille de ses magasins, l'autre grand pari au cœur de la philosophie de Färm c'est celui de s'installer en pleine ville. "Les autres grandes surfaces bio sont surtout installées en périphérie, sur les grands axes de sortie des villes. Nous pensons chez Färm qu'on ne devrait pas avoir besoin de prendre sa voiture pour faire ses courses. Nos emplacements sont tous réfléchis en terme de mobilité douce".

Bio, local et direct !

Mais le plus important, ça reste les produits. Les produits sur les étales de Färm sont, dans la mesure du possible, biologique, locaux (produit dans un rayon de 80 kilomètres autour de Bruxelles) et arrivent en direct (livré par le producteur lui-même). On y trouve notamment les shiitakes du Champignon de Bruxelles (retrouvez ici le sujet vidéo qu'Eventail.be a consacré à cette incroyable start-up). "Si l'un de nos produits ne correspond pas à l'un de ces trois critères, nous essayons de voir avec le producteur comment on peut l'aider à y répondre. On aimerait pouvoir devenir également coproducteur" précise le co-fondateur.

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Baptiste Bataille

Cette recherche d'une cohérence absolue du projet n'est pas sans conséquences : "Les fruits et légumes indisponibles hors saison ne seront pas remplacés par des alternatives du bout du monde". Pas de kiwis de Nouvelle-Zélande, pas de pommes ou de poires d'Argentine … Mais Baptiste Bataille nuance tout de même: "Après, il ne faut pas se tromper de calcul, il est plus lourd en carbone d'élever des tomates en hiver chez nous, que de les faire venir à la même époque d'Italie".

Le projet est donc extrêmement cohérent de bout en bout, et c'est précisément à cette cohérence que Färm doit sa solidité, notamment économique. "De six équivalent temps plein, nous sommes passés à quarante-quatre. Créer de l'emploi n'est pas facile, mais quand nous y arrivons, c'est une satisfaction évidente" se félicite Baptiste Bataille.

L'aventure a d'ailleurs de beaux jours devant elle. En 2016, Färm ouvrira un quatrième magasin et les deux fondateurs s'interrogent de manière poussée comment mettre en place un réseau de franchise sur le même modèle. Bref, pour Färm, tous les voyants sont … au vert!

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