Martin Boonen
24 November 2025
Face aux limites du coton (gourmand en eau et en pesticides) et du polyester (pétrosourcé et générateur de microplastiques permanents), Noosa propose une alternative construite autour d’un procédé de séparation chimique. Contrairement aux textiles recyclés classiques, valorisés à hauteur de 30% seulement, la technologie de l’entreprise permet de séparer la fibre Noosa de n’importe quel mélange textile et de retrouver une qualité vierge, même en présence d’additifs ou de colorants. “On parvient à séparer le Noosa du reste et à refaire de la fibre vierge, et que le vêtement soit mélangé à d’autres fibres, comme du polyester ou de l’élastane”, détaille Jim Hees, business manager de Noosa. L’entreprise a développé pendant deux à trois ans cette solution de recyclage unique, qui permet de récupérer la fibre Noosa, tandis que les autres matières rejoignent les filières de recyclage habituelles.
© Noosa
La fibre affiche des caractéristiques distinctives : bactériostatique, elle limite la prolifération des bactéries responsables des odeurs, prolongeant ainsi la durée de vie des vêtements de sport. Sa respirabilité, comparable à celle du polyester, et son toucher hypoallergénique en font un matériau prisé pour les textiles techniques. L’entreprise propose sa fibre sous forme de fil, de tissu et même de produit fini, permettant de remplacer les équivalents coton ou polyester.
© Noosa
Noosa cible prioritairement le marché du vêtement de travail, où le système de collecte centralisée facilite le recyclage en circuit fermé. La directive adoptée le 9 septembre 2025 par le Parlement européen impose aux producteurs textiles de couvrir intégralement les coûts de collecte, tri et recyclage de leurs produits. “Les réglementations sur les vêtements de travail vont imposer une quantité de matériaux recyclés ou biosourcés, ainsi que le calcul de l’impact CO₂ dans les appels d’offres”, observe Jim Hees. Pour profiter de cette dynamique réglementaire, Noosa va jusqu’à proposer d’offrir à leur client les vêtements contenant au moins 50% de Noosa.
L’entreprise développe actuellement des partenariats avec des marques européennes actives dans les vêtements de sport et les vêtements de travail, intégrant la fibre dans leurs chaînes d’approvisionnement sans avoir à modifier leurs processus de production (des ajustements de température essentiellement, sans rééquipement des machines).
© Noosa
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Installée à Anderlecht depuis 2024 avec une ligne d’extrusion pilote, Noosa prépare son déploiement industriel. L’entreprise recherche actuellement des fonds destinés à accélérer son développement et financer la construction d’une usine de recyclage à proximité de celle de son partenaire belge, qui produit leur matière première (PLA ou Polylactic Acid) à Port-Jérôme, en France. “Le workwear va nous donner le volume qui nous permettra d’appliquer des prix compétitifs pour entrer dans ce domaine, et celui l’habillement en général, plus facilement”, résume Jim Hees.
Photo de couverture : © Noosa
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