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Rédaction

20 April 2016

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"Nous ne sommes pas des connaisseurs. Tout le long de notre parcours, nous sommes toujours entrés par la petite porte". Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette introduction de la part de quelqu’un comme Michel de Launoit décomplexe! (Et nous rappelle Brice Le Blévennec rencontré récemment dans le cadre de la Bibliothèque de l'entrepreneur, à (re)découvrir en cliquant ICI, ndlr)

Une modestie tout à son honneur, et à celui de son épouse Florence, qui force le respect tant leur carrière au service de la culture est déjà riche. Leur agence de production, Tourne Sol, s’est ainsi illustrée au cinéma, sur scène, à la télévision et dans l’industrie musicale.  C’est d’ailleurs eux qui lancent, en 2008, Akamusic, l’une des toute première plateforme de crowdfunding au monde, destinée à produire des artistes musicaux. Quatre ans, cent artistes et six-cents chansons plus tard, la société est malheureusement mise en sommeil, étroitesse du marché belge oblige.

Mais Florence et Michel de Launoit, eux, ne dorment pas pour autant.  En 2013, naît dans leur esprit l’idée d’un musée consacré aux arts urbains: art public, graffiti, hip-hop, skate, bande-dessinée, etc. Des formes artistiques qui peinent à trouver une place durable dans les grandes institutions culturelles européennes. "Nous étions, Michel et moi, convaincus que ces expressions et courants méritaient mieux que des expositions temporaires ou quelques rencontres ponctuelles" explique Florence de Launoit. Résultat? Vendredi passé, le couple et leurs associés, Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt de la galerie A.L.I.C.E., ont inauguré avec succès dans les anciennes brasseries Bellevue, le long du canal à Bruxelles, le MIMA, Millennium Iconoclast Museum of Art. Le dévouement de Florence et Michel de Launoit à la cause culturelle impressionne.

Populaire, pas populiste

Une des raisons de leur succès tient peut-être à leur attachement à une certaine forme de culture: la culture pop’. "Nous voulons défendre et promouvoir une culture populaire, proche des gens, puisque ce sont eux qui nous permettent de continuer l’aventure" lance Michel de Launoit. Mais ne confondez pas populaire et populiste, il n’y pas, chez Florence et Michel de Launoit, d’opportunisme mercantile comme on peut parfois le suspecter quand un projet adopte des formes trop consensuelles. "C’est pour ça qu’on a fait des choses si différentes: télé, scène, cinéma. Chaque fois qu’un projet nous intéressait, quelle que soit sa nature, on l’a réalisé" raconte Florence de Launoit. Et Michel renchérit: "On fonctionne par instinct, avec des choses qui nous touchent. On ne fait pas d’étude de marché avant. D’ailleurs, on s’est parfois trompé, nos goûts n’ont pas toujours rencontré ceux du public". Il va même plus loin: "Ce qu’on veut faire, c’est emmener les gens à devenir curieux pour, pourquoi pas, les emmener à découvrir autre chose, peut-être plus pointu. On accède à la culture par un chemin, et, Florence et moi, en ouvrant des portes, nous nous situons au début de ce chemin. Il faut aussi faire perdre à la culture son côté intimidant qui inhibe les visiteurs. Initiés ou débutants, nous avons tous les mêmes yeux et les mêmes oreilles. Populaire n’est pas forcément péjoratif et n’est pas forcément synonyme de médiocre ou facile".

Créer des synergies

Pour autant, le duo de choc est aussi un couple d’entrepreneurs connectés à la réalité de ce marché un peu particulier. Pour cette raison, Michel de Launoit ne veut blâmer personne: "On ne peut pas regarder un secteur sous un seul angle, c’est réducteur. Il faut qu’un secteur ait ses marchands, ses créateurs, ses innovateurs… c’est comme ça que le secteur peut être porteur. Si la culture se contente d’être élitiste, elle ne vivra plus que de subsides et on voit aujourd’hui que ce n’est pas possible". C’est la raison pour laquelle le financement du MIMA se réparti comme tel: 50% provient de l’exploitation du musée, 17% des amis du musée (mécénat), 17% des subsides, 17% des sponsors et partenaires.

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 Le MIMA a ouvert ses portes au public ce vendredi 15 avril. Ce fut un succès de foule ce weekend avec plus de 4000 visiteurs, soit plus de 12% de l'objectif de visites annuelles... © Droits réservés

"Dans la culture, tout est possible, mais ensemble. Si on attend que le politique se charge de tout, on se trompe. Je suis pour une culture mixte, ni 100% privée, ni 100% publique. La culture à notre époque ce doit être ça: une collaboration entre le public, le secteur privé avec les partenaires, des mécènes et des entrepreneurs culturels, et les pouvoirs publics, notamment les politiques".

Si dans la culture tout reste possible, Michel de Launoit se veut aussi réaliste: "On ne peut rien faire sans le public. On a la société que l’on mérite. Il faut essayer de comprendre pourquoi nous préférons parfois dépenser 30€ dans un restaurant, alors que nous rechignons à acheter des places de concerts à 10€...".

A cette interrogation, le MIMA est sans doute un début de réponse...

 
Daphné Marceau Fondatrice / Fleuriste

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