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Supertramp et Pink Floyd nous avaient prévenus

Bruno ColmantDans le rétro

Bruno Colmant

20 April 2023

Il y a quarante ans, l’économie mondiale a été progressivement immergée dans le capitalisme américain, lui-même transformé en économie de marché. Mais, sans doute illusionnés par la réalité du libérateur de 1944 et désireux de nous extraire de la décennie économique épouvantable des années 1970, nous nous sommes laissés anesthésier.

Le professeur Dr. Bruno Colmant est membre de l’Académie royale de Belgique.

Le professeur Dr. Bruno Colmant est membre de l’Académie royale de Belgique. © DR

Ma génération d’étudiants en économie, prompte à poursuivre ses études par un Master in Business Administration (MBA) aux États-Unis, n’a pas appréhendé suffisamment, dans les années 1980, cette rupture sociologique. Nous nous sommes, et je devrais plutôt dire que je me suis laissé berné par les promesses d’un modèle politique qui disqualifiait la jeunesse de mai 68. Et pourtant, nous étions prévenus, dans la prophétie des deux chansons qui anticipaient nos vingt ans : Logical Song de Supertramp et Comfortably Numb de Pink Floyd, toutes deux sorties en 1979, l’année de l’élection de Margaret Thatcher (1925-2013, Première ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990). Malgré ces sommations musicales, au coup de sifflet du néolibéralisme, nous sommes sortis des tranchées.

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À nouveau, les paroles de Supertramp, affirmées deux ans avant la plongée dans le néolibéralisme américain de Ronald Reagan, résonnaient comme des prophéties désespérées dans l’album Breakfast in America dont la couverture représentait le sud de Manhattan, c’est-à-dire le quartier des affaires, comme un opulent petit-déjeuner architectural : “But then they sent me away to teach me how to be logical, oh, responsible, practical. Then they showed me a world where I could be so dependable Oh, clinical, oh, intellectual, cynical”.

Et, même si les innovations technologiques viendront probablement des États-Unis plutôt que d’ailleurs, je suis devenu dubitatif par rapport à l’intempérance de cette société et aux inégalités qu’elle suscite.

Son modèle reste rayonnant, mais je me retrouve dans ces quelques extraits du bloc-notes de Français Mauriac, du 3 septembre 1959 : “Ce peuple [américain], par bien des aspects de son génie, m’est plus étranger qu’aucun autre. Lui, il a fait beaucoup, plus que nous visiter : il nous a transformés… Mais, par-dessus tout, le culte, l’idolâtrie de la technique, de toutes les techniques inventées par l’homme et auxquelles l’homme s’asservit, la folie de la vitesse, ce tournis qui affecte tous les moutons de l’Occident, une trépidation à laquelle aucun de nous n’échappe : une démesure en toutes choses…”.

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