L’Expérience de la nature

Allégories sophistiquées, coloris fantasque, allongements extravagants… L’art pragois du temps de l’empereur Rodolphe II est souvent associé à “une forme paroxysmique du maniérisme tardif”. L’exposition met en lumière un visage moins connu de l’art à la cour de l’empereur du Saint-Empire à travers le courant “naturaliste” s’étant développé, à la faveur de l’essor des sciences et de l’empirisme, parallèlement à la mode maniériste. Parmi ces artistes “naturalistes”, citons Giuseppe Arcimboldo, dont on connaît le célèbre Portrait de Rodolphe II en Vertumne (1590) composé d’un échafaudage de fleurs, de légumes et de fruits ; Roelandt Savery, peintre de vastes paysages peuplés d’animaux exotiques issus, pour partie, des ménageries et des volières impériales, mais aussi de fantastiques bouquets annonçant la naissance du genre à l’orée du XVII^e siècle ; ou encore, entre autres tailleurs de pierre et orfèvres virtuoses, le lapidaire officiel de la cour, Ottavio Miseroni, auteur d’extraordinaires vases de pierres dures enguirlandés de rinceaux d’or exaltant la singularité des formes naturelles.

Photo de couverture : Georg Hoefnagel, Amor. Allegorie du Printemps, 1589, détrempe et or sur vélin marouflé sur panneau, 12,5 x 18,5 cm. © Musee du Louvre, dist. RMN – Grand Palais, Martine Beck-Coppola