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Rédaction

12 April 2017

© Malla Hukkanen

Aki Kaurismäki accompagne les destins de ces deux égarés. Avec son humour dépressif, sa théâtralité rigide, il signe un très beau film sur l'hospitalité. Sakari Kuosmanen et le cinéaste travaillent ensemble depuis trente-trois ans. Musicien célèbre en Finlande, l'acteur a été journaliste, vendeur import-export, propriétaire de quatre restaurants, producteur et animateur de télévision... C'est tout cela et une belle humanité qu'il apporte au cinéma d'Aki Kaurismäki, magnifique.

"The other side of hope" d'Aki Kaurismäki a été présenté à la Berlinale. Retrouvez tous les articles sur le festival international du film de Berlin ici.

 
 © Droits réservés


Eventail.be - Vous êtes un des acteurs fétiches d'Aki Kaurismäki. A-t-il une façon particulière de vous faire jouer ?
Sakari Kuosmanen - Nous sommes devenus des amis dès notre rencontre en 1984. Aki a vu en moi quelque chose pour jouer des rôles de personnes tout à fait normales. Je suis peut-être son alter ego. Il y a une confiance mutuelle. C'est facile pour moi, je sais ce que je dois faire. Tout est affaire de description, d'atmosphère, de poésie écrits dans le scénario et c'est cela qui définit mon personnage. Au début du film, Wikhström, que j'incarne, serre sa cravate, met sa veste, prend sa valise, dépose son alliance sur la table de la cuisine et quitte sa femme. Celle-ci prend la bague, la met dans le cendrier à moitié vide et regarde dehors. On pourrait croire que la scène est comique mais on voit la douleur dans le regard des personnages. Il faut attendre près de huit minutes pour entendre les premiers dialogues. Quoiqu'il en soit, je ne fais pas d'acting. Je «suis». Ce que j'apporte au personnage c'est un être humain normal. Le sens du rythme, du tempo est important pour Aki. Et comme je suis musicien, le lien entre la musique et le jeu de l'acteur est très puissant.

 
 © Malla Hukkanen


- Votre personnage accueille naturellement un réfugié syrien. Quel est votre regard personnel sur l'immigration en Finlande ?
- La situation est difficile chez nous comme partout ailleurs. J'espère que les politiques trouveront des solutions pour changer le monde. Pour moi, l'immigration n'est pas un problème. On a créé une équipe de football avec des Somaliens, les premiers venus dans notre pays. J'ai beaucoup d'amis immigrants. La situation est mauvaise en Finlande et en Europe où le nationalisme, les partis de droite ont le vent en poupe. Ces personnes utilisent le terrorisme comme un argument anti-immigration et, en même temps, les terroristes instrumentalisent la religion pour commettre des crimes ignobles. Nous essayons, par le biais de notre travail d'artistes, de faire en sorte que les gens deviennent plus tolérants. Les terroristes et les criminels n'ont rien à voir avec les immigrants.

 
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- Le cinéma est-il le meilleur moyen pour transmettre un message d'espoir ?
- Tous les artistes essaient de le faire. Le film est le plus fort. La Finlande n'envoie pas les gens en Syrie. Néanmoins, après avoir vu ce film, beaucoup de personnes ont changé d'opinion sur cette politique d'immigration et sur l'Office national d'immigration. Aki montre ces choses de manière simplifiée et un peu rude. Mais il a ouvert les yeux pour faire voir la réalité. En cela, on peut changer le monde.

«The other side of hope» d'Aki Kaurismäki. Avec: Sakari Kuosmanen et Sherwan Haji. En salles.
Le film été présenté à la Berlinale. Retrouvez tous les articles sur le festival international du film de Berlin ici.

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