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Jean Rochefort, cavalier seul

Corinne Le Brun

28 February 2018

© Kcs Presse/Photo News

Jean Rochefort c'est d'abord et avant tout cette silhouette élégante, cette voix, cet humour et puis des films et des visages multiples. D'abord léger dans « Un éléphant ça trompe énormément », sombre dans le « Crabe Tambour », et puis tourmenté dans « Tandem ». Mais derrière ces rôles emblématiques, c'est une vie qui balance entre besoin de comédie et passion pour les chevaux, entre amour des femmes et recherche de solitude. Le journaliste Jean-Philippe Guérand livre une première biographie de Jean Rochefort. L'occasion de découvrir la personnalité complexe, une vie sur le fil du comédien très populaire qui n'a jamais voulu se raconter.

Eventail.be - Vous êtes le premier à écrire la biographie de Jean Rochefort. Comment expliquez-vous ce silence ?
Philippe Guérand - Il n'avait pas envie qu'on écrive sa vie. Il disait aussi ne pas n'aimer le principe de l'autobiographie : « on parle d'autre gens qui n'ont pas demandé à ce qu'on parle d'eux » répétait-il. Dans « Le grand n'importe quoi » (Ed. Calmann-Lévy, 2010), Jean-Pierre Marielle parle de ses amis. Jean Rochefort lui en a voulu car Jean-Pierre ne lui avait pas demandé son avis. Secret, pudique, Jean Rochefort se prêtait volontiers à la promotion des films. J'ai essayé de suivre l'itinéraire d'un acteur, comment il a réalisé ses rêves de jeunesse.

 
 Philippe Guérand, journaliste et auteur de la première biographie de Jean Rochefort : "Jean Rochefort, prince sans rire" © Patrice Normand


- Malgré ces réticences, avez-vous pris contact avec lui ?
- Je ne l'ai pas rencontré, volontairement. Il était au courant du projet. Je lui ai envoyé mon livre sur Bernard Blier (« Bernard Blier, un homme façon puzzle », Ed. Robert Laffont, 2009). J'ai mené l'enquête sur sa vie d'acteur, pendant huit ans. Plus j'avançais, plus je pouvais travailler tout seul. Jean Rochefort est abondamment cité, il s'est livré dans de très nombreux entretiens. Cela m'a épargné des dizaines d'interviews avec lui. J'ai écrit le livre à côté de lui. Il n'a lu aucun extrait.

 
© Allpix Press/Photo News 

- Était-il un acteur gâté ?
- Pas au début. Tout n'a pas été facile. Il a dû affronter la volonté de son père, industriel, qui voulait le voir intégrer l'école de comptabilité. Son enfance à Vichy l'a fort marqué. Finalement, il s'est installé à Paris afin de suivre les cours d'art dramatique. Il n'est pas admis à concourir au Conservatoire. Son copain Marielle l'accompagne, il réussit. Sa carrière commence enfin: cabaret, théâtre, télévision. Jean-Paul Belmondo lui donne un coup de pouce au cinéma : pour le tournage de « Cartouche », il affirme que Jean Rochefort savait monter à cheval, ce qui était faux. Il a dû apprendre à monter en accéléré. C'est un calvaire, les chutes sont nombreuses. Il résiste. Il part en Camargue où il apprend vraiment l'équitation qu'il va aimer ça au point d'un rapport fusionnel avec les chevaux. Il les dirigeait, les domptait, les aimait. Comme on tient un public.

 
 © Jm Mazeau/Stills/Gamma/Photo News

- Jean Rochefort était très sensible à son apparence physique.
- Il était complexé mais il avait un coté charmeur. Il n'a jamais incarné des personnages de beau gosse, ni de gendre idéal. Au conservatoire, on ne lui donnait que des rôles de vieillards. Il s'entretenait physiquement, il était très sportif. Il aurait pu devenir champion de ping-pong, il faisait beaucoup de natation mais il souffrait d'asthme. La déchéance physique lui faisait peur, plus que la vieillesse. Dans son dernier film « Floride » (2015), il incarnait un vieillard atteint de la maladie d'Alzheimer. Le public n'avait pas envie de voir Jean Rochefort dans l'état d'un homme diminué. Il avait envie de faire un film, un beau portrait de la vieillesse élégant et noble, qui serait ses « Fraises sauvages » en référence à Ingmar Bergman.

 
© Gamma/Picot/Stills/Eyedea Presse/Photo News 

- Sa moustache l'avait rendu populaire et... beau.
- A l'âge de 40 ans, il a joué le « Misanthrope » pour la télévision. Sa fausse moustache se décollait tout le temps, alors il a décidé de faire pousser la sienne. Se regardant dans la glace, il se trouvait beaucoup mieux, la moustache couvrant la lèvre supérieure qu'il jugeait trop fine. Il l'a gardée. Ce fut le début d'une grande histoire. Il ne l'a rasée qu'une fois, pour « Ridicule » (1996) de Patrice Leconte. « Sans moustache, j'ai l'air de ce que je suis, une vraie saloperie, un faux-derche sans lèvres. Je n'inspire pas confiance » avait-il déclaré lors de la sortie du film.

« Jean Rochefort, prince sans rire »
Jean-Philippe Guérand
Ed. Robert Laffont

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