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Paris capitale du dessin !

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Stéphanie Dulout

12 May 2022

Jan van Os (1744-1808), Nature morte aux coquillages.

En ce mois de mai, le dessin est, partout en France, mis à l’honneur, des FRAC et autres centres d’art contemporain aux monuments historiques, de Lille à Angoulême, en passant par la cathédrale d’Amiens ou le château de Vincennes ; tandis qu’à Paris, on célèbre deux anniversaires, celui du prestigieux Salon du Dessin ancien, né il y a trente ans, et celui, créé il y a quinze ans, du dessin contemporain : la très attractive Drawing Now Art Fair.  

“Au moment où les grands groupes organisateurs de foires d’art contemporain et les super galeries anglo-saxonnes mettent le cap sur Paris, nous sommes fiers que deux structures françaises présentent deux salons de dessin, couvrant ainsi les périodes du XVIe au XXIe siècle. Organisés la même semaine au Palais Brongniart et au Carreau du Temple, à quatre stations de métro seulement, les 111 galeries et marchands exposants forment une proposition unique au niveau international et font de Paris la capitale du dessin ! Une offre exceptionnelle donc, qui permettra de mobiliser autour de la richesse de ce médium les visiteurs français et internationaux”, affirment en chœur Christine Phal, présidente et fondatrice de Drawing Now Art Fair, et Carine Tissot, sa directrice. “Après un hiver un peu éprouvant, nous constatons que les amateurs et collectionneurs sont impatients de retrouver le Salon du dessin ainsi que tous les événements autour qui font rayonner Paris pendant une semaine”, déclare, quant à lui, Louis de Bayser, président du Salon du Dessin déployé dans le fastueux Palais de l’ancienne Bourse de Paris et devenu, en quelques années, un événement incontournable pour les connaisseurs du monde entier. “C’est l’une des foires les plus importantes au monde”, n’hésite pas à affirmer le grand marchand florentin, Enrico Frascione, qui y fait son entrée cette année et se réjouit de pouvoir dévoiler quelques belles feuilles à son “public raffiné et cultivé”.

Antoine Berjon (1754-1843), Vestale. © DR

Antoine Berjon (1754-1843), Vestale. © DR

Le meilleur du marché

Réunissant “la crème de la crème”, trente-neuf exposants triés sur le volet, qui pour l’occasion sortent leurs pépites, le Salon du Palais Brongniart est, en effet, devenu la référence pour le dessin de collection. Offrant le meilleur du marché, il attire les experts et les collectionneurs du monde entier, mais aussi les chercheurs et nombre de conservateurs de musée qui viennent fureter dans ses élégants stands tendus de velours ou de satin pour y repérer les feuilles rares ou les œuvres majeures susceptibles d’entrer dans leurs collections…

Cependant, loin de s’en tenir à ce cercle érudit des connoisseurs, le Salon accueille aussi un nombre croissant de simples amateurs attirés par la qualité et la grande diversité des pièces présentées, allant de la Haute Renaissance à la fin du XXe siècle. Et ce, sans doute, à la faveur du succès grandissant du dessin – plus abordable, plus accessible, plus élégant, plus intimiste… Succès chez les collectionneurs mais aussi chez les artistes, qui, depuis quelques années, témoignent d’un véritable engouement pour ce médium primordial (premier de tous les arts graphiques), servile et malléable, recelant en sa simplicité d’infinies subtilités, et propre à susciter toutes les variations et dérivations, tous les détournements et débordements, toutes les audaces du trait et inventions de la ligne, outrepassant parfois – de plus en plus souvent – les limites de la feuille de papier.

Boryana Petkova, performance Link, 2021. © DR

Boryana Petkova, performance Link, 2021. © DR

C’est ainsi que des études au virtuose trait de plume de Sabatelli ou Gandolfi montrées chez Romano Fine Arts et Apolloni Laocoon (nouveaux entrants), des “arabesques exquises” de Tiepolo présentées chez Grässle / Härb-Nuti, d’une somptueuse Nature morte aux coquillages dessinée à l’aquarelle et au crayon noir par Van Os (chez Talabardon & Gautier), d’une spectaculaire sanguine de François Boucher (Étude de crocodile entre les roseaux dévoilée chez Jean-Luc Baroni & Marty de Cambiaire) ou encore, d’un divin fusain de Redon (Visage derrière une fenêtre) accroché chez Éric Coatalem, entre autres trésors essaimés au Palais de l’ancienne Bourse, on fait le grand saut dans l’Hyperdrawing à la Drawing Now Art Fair.

De l’esquisse à l’Hyperdrawing

Créée pour donner à voir toutes les nouvelles pratiques du dessin, la très grande diversification des supports et des matériaux utilisés, mais aussi des échelles de plus en plus monumentales (comme a pu le montrer l’exposition XXL – Le Dessin en grand, à Vevey, il y a peu), la foire a choisi, pour sa quinzième édition, de mettre en valeur la métamorphose d’un art devenu autonome, d’un art non plus réduit au trait, à la copie ou à l’étude préparatoire, mais désormais voué à la création pure, jusqu’à investir d’autres champs artistiques et se propager, par le gestuelle (du trait), dans l’espace.

Ainsi du dessin performé ou chorégraphié présenté dans l’exposition Hyperdrawing de la Drawing Now Art Fair (exposition dédoublée au Carreau du Temple à Paris et au FRAC Picardie d’Amiens).

Emmanuel Béranger, Saut n°2, dessin performé. © DR

Emmanuel Béranger, Saut n°2, dessin performé. © DR

Entre autres nouvelles pratiques du dessin “affranchi” de la feuille, on y découvre des artistes qui, dans le sillage de Sol LeWitt et de ses Wall Drawings (“dessins muraux”) à la fin des années 1960, hypertrophie le trait pour investir l’espace par le geste : dessin performatif de l’artiste bulgare Boryana Petkova dessinant avec des entraves jusqu’à épuisement, dessin all-over de corps féminins en suspens de l’Allemande Katrin Ströbel ou dessin performé réalisé en sautant par Emmanuel Béranger. De l’art du trait à l’art du geste, Drawing Now nous fait faire le grand saut…

Le futur musée du Grand Siècle, invité d’honneur du Salon du Dessin
Le Guerchin, Vouet, Champaigne, Poussin, Le Brun, Fragonard, Ingres… un ensemble des plus belles feuilles provenant de la collection de Pierre Rosenberg, léguée par l’ancien président-directeur du musée du Louvre pour constituer le futur musée du Grand Siècle qui sera implanté dans l’ancienne caserne Sully du domaine royal de Saint-Cloud (ouverture prévue en 2025), est présenté au Salon du Dessin. Une collection exceptionnelle de quelque 3500 dessins, dont les joyaux exposés donnent à savourer le raffinement et la magnificence du grand siècle du dessin.
www.museedugrandsiecle.hauts-de-seine.fr

En couverture : Jan van Os (1744-1808), Nature morte aux coquillages. © DR

Lucio Fontana : Expectation

Arts & Culture

Révolutionnaire et controversé, Lucio Fontana transcende les frontières de la peinture et de la sculpture pour interroger l’essence même de l’espace et de la matière.

Allemagne, Wuppertal

Du 05/10/2024 au 12/01/2025

Informations supplémentaires

Salon du Dessin

Du 18 au 23 mai
Palais Brongniart
16 Place de la Bourse
75002 Paris, France
www.salondudessin.com

Drawing Now Art Fair

Du 19 au 22 mai
Carreau du Temple
4 Rue Eugène Spuller
75003 Paris, France
www.drawingnowartfair.com

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