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Maxime Delcourt

27 May 2020

© Barthélemy Decobecq

Eventail.be - Vous dites régulièrement que vous êtes davantage des musiciens de pop et de rock que des jazzmen à part entière. Ça change quelque chose dans votre approche du jazz ?

Martin Grégoire : C'est vrai que l'on n'a pas suivi une formation jazz. Antoine a certes étudié le piano classique à l'académie et a ce côté multi-instrumentiste avec le trombone et laccordéon, mais notre approche de la mélodie n'est celle que l'on apprend au conservatoire. On ne sait pas jouer de standards, ni de blues. C'est pour cela que l'on beaucoup de mal à se définir comme des jazzmen, même si les médias, notamment au moment de la sortie de notre premier album en 2018, nous comparaient à des formations comme BadBadNotGood. C'est très flatteur, et c'est vrai qu'on écoute beaucoup de jazz, mais on ne se met pas d'œillères pour autant : on écoute autant de pop, de rock et de musiques électroniques. Au fond, c'est peut-être cette ouverture d'esprit qui nous rapproche le plus de la nouvelle génération de jazzmen, dans le sens où ils font preuve d'une grande liberté et refusent de s'enfermer dans des schémas musicaux bien précis.

 -  Vous vous êtes rencontrés lors de vos études à Tournai. Vous pensez que le fait d'avoir commencé à jouer de la musique au cours de ces années-là, forcément festives, qui a cristallisé votre passion pour le groove et les rythmes dansants ?

- Pour tout dire, avec Antoine, on se connaît depuis qu'on est gamin. Mais comme je suis un peu plus âgé que lui, on ne se parlait pas vraiment lorsqu'on était en études. Jusqu'à une fameuse soirée où on a discuté et où on s'est rendu compte qu'on avait des goûts similaires, notamment dans le jazz moderne, avec des artistes comme Kamasi Washington qui se réapproprient le jazz et le formulent autrement. Sachant que je viens du rock expérimental et que lui a un background un peu plus académique, la confrontation de nos deux univers a donné quelque chose de nouveau. Ce qui s'entend particulièrement sur Nimbus part II, qui est influencé par la musique club. On s'inspire vachement de ce que l'on entend en boite ou dans les festivals, on écoute beaucoup de musiques électroniques : ça finit par s'entendre dans nos morceaux.

le groupe belge de musique de jazz aux influences electroniques Glass Museum devant l'île d'Islande
© Diego Crutzen Diaz

- Est-ce facile de traduire vos musiques dans un langage plus électronique ?

- Au moment de la composition, on part souvent d'outils acoustiques, comme le piano et la batterie, que l'on réarrange ensuite avec des codes électroniques. Nimbus part I, par exemple, est un morceau jazz, plus joué. Nimbus II, c'est donc en quelque sorte le remix de ce morceau avec des codes électroniques. Au fond, tout se mélange dans nos compositions. Avant de se lancer dans l'enregistrement de Reykjavik, Antoine et moi avons accompagné des DJ's comme DC Salas et Haring : les musiques électroniques sont donc ancrées dans notre démarche. Surtout, on a publié une version remixée de notre premier album, que l'on a confié à tout un tas de producteurs : on va dire que ces relectures ont créé un pont entre Deux et Reykjavik.

le groupe belge de musique de jazz aux influences electroniques Glass Museum en concert
© Diego Crutzen Diaz

- Reykjavik, justement, comment est-il né ?

- On a composé l'album pendant trois mois, fin 2019, dans une période de résidence où l'on s'enfermait deux-trois jours d'affilée. Le disque a très vite eu une couleur hivernale, donc on trouvait que Reykjavik était un bon nom d'album. C'est aussi le premier titre du disque, celui qui a donné la direction à suivre. Par la suite, on a composé en ayant le Grand Nord, le froid et les grands espaces comme dénominateur commun. L'idée, c'était que chaque morceau évoque un élément naturel : d'où des titres comme Abyss ou Sirocco. Ça a donné une homogénéité, une couleur commune à nos différents morceaux.

- Vous vous verriez aller dans une ville pour en capter les sons et produire un album pleinement inspiré de l'ambiance locale ?

- S'inspirer de la culture locale, sampler des sons : c'est un truc que l'on pourrait faire. Le problème, c'est le manque de temps... Pour vivre et exister auprès des professionnels, on est obligé de donner pas mal de concerts, c'est donc compliqué de s'isoler plusieurs mois pour donner vie à de tels projets... Reykjavik, paradoxalement, c'est le premier projet que l'on compose dans une cave de Bruxelles alors qu'il contient probablement les morceaux les plus atmosphériques et planants que l'on ait pu enregistrer.

www.glassmuseum.be

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