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Au Théâtre des Galeries, "Fallait pas le dire", de Salomé Lelouch

scèneSpectacleThéâtreThéâtre des Galeries

JC Darman

09 February 2024

Peut-on dire n’importe quoi, à n’importe qui, n’importe quand et sur n’importe quel sujet ? La pièce de Salomé Lelouch (la fille du cinéaste) montre clairement que toute vérité n’est pas bonne à dire, que la franchise totale confine parfois à la bêtise et que les interlocuteurs de mauvaise foi peuvent être horripilants (et très drôles en l’occurrence).

Salomé Lelouch a écrit la pièce sur mesure pour sa maman (Évelyne Bouix) et son beau-père (Pierre Arditi) et à leur demande. Ce sont eux qui créèrent la pièce au théâtre de la Renaissance à Paris où elle fut honorée de trois nominations aux Molières 2022 (meilleure comédie, meilleur acteur et meilleur auteur). Le spectacle est découpé en une quinzaine de saynètes, pouvant être jouées séparément, où des couples abordent différents thèmes très actuels tels que le choix du genre, le réchauffement climatique, le voile, l’avortement, la trottinette, la pédophilie, la GPA…etc. Des échanges présentés avec une ironie sous-jacente mordante mais sans pour autant mettre la vie de leur couple en danger.

Fallait pas le dire est une œuvre qui traite en quelque sorte de la communication. Un phénomène omniprésent aujourd’hui mais en même temps, et c’est paradoxal, qui se retrouve entravé par un flot d’interdits virulents. Les côtés abscons de cette censure qui ne dit pas son nom semblent constituer un sujet d’inspiration fertile pour Salomé Lelouch, sans aucun doute adepte d’une parole libre et naturelle comme le dit une réplique de la pièce. Il y a quelques années déjà, elle avait écrit et mis en scène Politiquement correct, une comédie qui aborde un sujet pas très éloigné de celui de ce soir : quelle place peuvent occuper les mots et des opinions politiques divergentes dans la naissance, la vie et la mort d’une histoire d’amour ?

© Isabelle De Beir

La version montée par Alain Leempoel à Bruxelles de Fallait pas le dire n’est pas tout à fait identique à la création parisienne. À sa demande, l’autrice a accepté de réécrire, de supprimer et d’ajouter certaines scènes. La distribution a aussi été quelque peu étoffée (un seul couple hétérosexuel à la création pour deux couples ici, interchangeables et à l’orientation sexuelle qui varie au gré des sketchs). Pour la réalisation et l’interprétation, la direction des Galeries n’a pas lésiné sur la qualité. Citons d’abord le metteur en scène Alain Leempoel (qui interprète également un des personnages). Sa mise en scène claire et précise facilite le cheminement dans ce déluge de mots. Outre Hélène Theunissen, on a aussi grand plaisir à retrouver sur la scène des Galeries Catherine Conet et Bernard Yerlès. En plus du charme et du talent, ces deux artistes ont en commun d’avoir tenu avec énormément de brio et de succès les rôles principaux dans les productions théâtrales qui attirent le plus grand nombre de spectateurs en Belgique : les spectacles d’été à l’abbaye de Villers-la-Ville (Lucrèce Borgia pour l’une, Cyrano de Bergerac pour l’autre).

© Isabelle De Beir

Fallait pas le dire est une pièce vivifiante, d’une écriture très moderne. Certaines scènes ne manqueront sans doute pas de provoquer quelques sourires confus chez bon nombre de spectateurs, car elles décrivent des situations auxquelles nous avons tous été confrontés, que nous soyons d’un côté ou l’autre de l’échange. Les décors minimalistes et ingénieux sont signés Noémie Vanheste Un excellent spectacle, égayant et confortant, à voir au Théâtre Royal des Galeries jusqu’au 3 mars.

Photo de couverture : © Isabelle De Beir

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Informations supplémentaires

Pièce

Fallait pas le dire, de Salomé Lelouch

Dates

Jusqu’au 3 mars

Adresse

Théâtre des Galeries
Galerie du Roi, 32
1000 Bruxelles

Billetterie

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