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Sacha Guitry au Théâtre royal des Galeries : Quadrille

JC Darman

26 October 2022

Quadrille, la pièce, parmi les plus brillantes de Guitry, mérite ici le détour, ne fut-ce que pour la verve éblouissante du texte.

Longtemps les comédiens et metteurs en scène belges ont traîné la réputation fort injustifiée de manquer de cette touche de légèreté élégante et de cette note de parisianisme indispensables pour monter les pièces de Sacha Guitry. De mauvaises langues prétendaient aussi que le public belge n’était pas le mieux à même d’apprécier la légèreté et la subtilité du “guitrysme” (pourquoi n’emploierait-on pas ce néologisme puisqu’on parle bien de marivaudage ?). En tout cas, en ce qui concerne le public, celui du théâtre des Galeries le soir de la première a bruyamment démenti cette vieille réputation imméritée.

La salle réagissait instantanément aux innombrables mots d’esprit qui fusent dans la pièce et dont certains sont devenus célèbres : « quand on a vingt ans de plus qu’une femme, c’est elle qui vous épouse » ; « si je me mariais, ce serait pour avoir une maîtresse … comme tout le monde » ; « ce que je trouve insupportable dans le fait d’être cocu, c’est que l’autre sait de quoi je me contente …etc. » Bon nombre de ces répliques ne sont pas dépourvues d’une aimable mais souvent cruelle misogynie (écrire une pièce de cet acabit serait inimaginable aujourd’hui). Cela provient sans doute de l’emmêlement de la vie privée de Sacha Guitry avec son théâtre (« c’est avec nos drames que nous écrivons nos comédies » affirmait-il). Cette imbrication est particulièrement présente dans Quadrille.

© Isabelle De Beir

L’œuvre fut créée en septembre 1937 (puis portée au cinéma un an plus tard, alors que la pièce se jouait encore). La distribution comprenait Jacqueline Delubac que Guitry avait épousée deux ans auparavant. Déjà pourtant le couple battait de l’aile et Jacqueline Delubac avouera plus tard que des scènes de la pièce étaient inspirées par des situations vécues et que plusieurs tirades constituaient des reproches que Sacha lui avait réellement adressés.

© Isabelle De Beir

Quadrille est un vaudeville, non plus à la manière d’un Feydeau mais revisité à la lumière des années 30. L’action se déroule dans les milieux du spectacle et de la grande presse. Carl Hérickson, en dépit du nom germano-scandinave dont Guitry l’avait baptisé et l’accent italien dont le metteur en scène l’a affublé, est une star américaine de cinéma adulée par ses admiratrices (le rôle est tenu par Marvin Schlick auquel il manque peut-être un peu de charisme pour cet emploi). À son arrivée dans un grand hôtel à Paris, il est attendu par deux personnes venues l’interviewer. D’abord Philippe de Morannes, rédacteur en chef d’un grand quotidien (joué par Fabio Zenoni dont le personnage réclamerait sans doute un peu plus de séduction et de charme). Il y a aussi Claudine André, femme moderne, libérée, chroniqueuse au New York Herald, interprétée par Cécile Florin (sans conteste la protagoniste dans le ton le plus juste de Guitry). Enfin, la quatrième personne pour danser ce quadrille : Paulette Nanteuil, maîtresse de Philippe, célèbre comédienne (jouée par Elsa Tarlton sur un rythme chahuté, fébrile mais tout à fait crédible). Ces quatre personnages vont se démener dans les rouages d’une ébouriffante machinerie amoureuse où les couples vont se défaire et se refaire à la manière de la chorégraphie d’un quadrille.

© Isabelle De Beir

Guitry servait toujours au mieux les personnages secondaires de ses pièces. C’est encore le cas ici avec Juliette Manneback (qui reprend un rôle tenu à la création par Pauline Carton), très drôle dans un emploi de femme de chambre qui lit Georges Sand. Fort amusant aussi Arnaud Van Parys en maître d’hôtel ahuri, puis en improbable médecin au sabir incompréhensible. La mise en scène de Thibaut Nève est simple et soignée, à défaut d’être sémillante. Le décor plutôt dépouillé manque un peu de raffinement (alors que l’action se déroule dans une suite de palace parisien), probablement pour comprimer les coûts durement impactés par la hausse du prix des matériaux.

Photo de couverture : © Isabelle De Beir

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La galerie de Rodolphe de Spoelberch, à l’espace “Hangar” au Châtelain, exposait les œuvres de plus de 150 artistes. Ce vernissage, dont c’était la 20e édition, était destiné à soutenir l’Accueil, un centre de protection de l’enfance, qui héberge, soigne les enfants et accompagne leurs parents en vue de permettre la réinsertion. © Violaine Le Hardÿ de Beaulieu

20/06/2024

Informations supplémentaires

Pièce

Quadrille, de Sacha Guitry

Adresse

Théâtre Royal des Galeries
Galeries Royales Saint Hubert
Galerie du Roi, 32
1000 Bruxelles

Dates

Jusqu’au 13 novembre 2022

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