• HLCÉ

Dans la Cour des Grands : Tous au chevet de nos altesses ?

Dans la Cour des Grands

Thomas de Bergeyck

07 March 2024

Serions-nous devenus les nouveaux médecins du monde ? Oserais-je dire : du « Grand monde » ? Depuis quelques semaines, les commentateurs et autres admirateurs du Gotha se perdent en conjectures au sujet de l’état de santé des monarques et de leurs proches. Devoir ou intrusion inaudible dans la vie privée ?

Il est vrai que certains communiquent : ainsi la Cour de Norvège a-t-elle volontairement choisi de prévenir que le roi Harald V était à l’hôpital en Malaisie, soigné durant ses vacances pour une infection. Sans toutefois préciser laquelle. Le médecin personnel du souverain est avec lui, et confirmait en ce début mars qu’il « se remet bien » mais devra passer quelques jours sur place encore. Ici donc, communication limpide et sans détours de politesse. Mais prudente.

© Photo News

Un peu plus tôt, ce sont de nouveaux commentaires qui ont percé sur la grande toile au sujet du mal mystérieux dont souffrirait la princesse Kate. Kensington s’est contenté de préciser qu’elle avait été soignée au niveau de l’abdomen, sans en donner la raison. Mais ce qui a mis la puce à l’oreille des « médecins » que nous sommes, c’est la durée du séjour à l’hôpital et celle de sa convalescence : jusque Pâques ! C’est donc sérieux. Récemment, des experts de la monarchie ont convergé vers une piste, qui serait celle de la maladie de Crohn. Une pathologie sévère mais très bien prise en charge aujourd’hui. Du côté du Palais, motus. On n’en dit pas davantage. Pas plus d’ailleurs que le type de cancer dont souffre le roi Charles III.

© Andrew Parsons / Parsons Media/Polaris

Il y a comme un malaise à parler bilan de santé. On le fait, mais sans se risquer à certains détails. Moi-même, dans le cadre de mes interventions publiques, j’ai pu chercher à comprendre les raisons d’un tel silence. En ce qui concerne le roi d’Angleterre, je me suis lancé dans des hypothèses. Il peut s’agir d’un cancer particulièrement inquiétant, difficile à traiter et donc on ne communique pas pour éviter de susciter l’inquiétude des Britanniques et lancer d’autres spéculations. Ou alors, il s’agit d’un cancer gênant : en des lieux intimes que personne ne voudrait évoquer publiquement. Je vous fais grâce des détails. À moins qu’il ne s’agisse d’une forme moins « impactante », bien prise en charge auquel cas le Palais aurait été plus à l’aise d’en parler publiquement.

Prince of Wales visit to Dorset. The Prince of Wales meets with members of the medical team during a visit to the Derwent operating theatre at Royal Bournemouth Hospital in Dorset.

Au-delà des supputations qui, je vous l’avoue, me mettent plutôt mal à l’aise car je ne suis ni médecin ni voyant, je devrais, comme d’autres me contenter des faits : un roi qui vit très bien son traitement. Et qui travaille : ne l’a-t-on pas vu tout récemment en grande conversation avec son Premier ministre, n’hésitant pas à lui confier la joie qu’il a eu à lire les nombreux messages de bon rétablissement et dessins d’enfant venus de partout ? Mais voilà : ce que le palais anglais offre, c’est une communication à double tranchant : il annonce la pathologie pour éviter les spéculations, mais n’en précise pas les détails. Comment alors, qu’il s’agisse du Roi ou de sa bru, ne pas se perdre en conjectures ? Cette série d’informations sur la santé des altesses me pose la question de la limite de la vie privée. Une altesse doit-elle tout dire ? Est-elle pour toujours devenue, par la force ou la contrainte du destin un livre ouvert qui ne doit souffrir d’aucun mystère ? ou au contraire, peut-elle avoir sa part de silence ? Jusqu’où doit aller la transparence ? L’opacité longtemps critiquée de Buckingham, liée au cancer du roi George VI ou, plus récemment, à la dégradation de l’état de santé d’Elizabeth II à la fin de sa vie a-t-elle poussé les communicants à s’ouvrir … un peu, mais pas suffisamment pour éviter les commentaires de tout poil ? Pas simple de se situer dans pareil tableau lorsque l’on cherche à comprendre. C’est oublier que derrière, il y a des hommes et des femmes qui, comme vous et moi, sont touchés par des maux, un quotidien pas toujours drôle, des soucis plus légers et d’autres plus sérieux. Qui nous rappellent aussi que nous sommes tous logés à la même enseigne en ce bas monde qu’aucun destin ne préserve vraiment.

"My Sunshine", les ambivalences de l’adolescence

Cinéma

Dans son film “My Sunshine”, le jeune cinéaste japonais Hiroshi Okuyama de 28 ans seulement évoque avec délicatesse les ambivalences de l’adolescence, avec pour décor une patinoire immaculée et les paysages enneigés de l’île de Hokkaido. Une pure merveille poétique comme un flocon de neige. “My Sunshine”, présenté dans la section “Un certain regard”, aurait mérité une récompense. Rencontre avec Hiroshi Okuyama sur la Croisette.

Publicité

Les 70 ans du grand-duc Henri

Chroniques royales

Non content de passer le cap de la septantaine, le grand-duc Henri de Luxembourg a décidé d’abdiquer le 3 octobre prochain en faveur de son fils le prince Guillaume, seulement quatre jours avant son jubilé d’argent, ce qui fait de 2025 une année particulièrement faste pour ce chef d’état apprécié pour sa discrétion et son sens du devoir.

Tous les articles

Publicité

Déjeuner avec Louis Sarkozy à Bruxelles

Vie mondaine

Le 10 avril, L’Eventail a organisé une conférence captivante avec Louis Sarkozy, en partenariat avec le WTC Association Brussels. Le thème : un Napoléon méconnu, lecteur passionné. Loin du seul stratège, Bonaparte apparaît ici comme un amoureux de littérature, puisant dans les livres l’inspiration de ses choix politiques et militaires. Louis Sarkozy a brillamment analysé les lectures qui ont nourri sa pensée, dévoilant une facette intime et souvent oubliée du personnage. Animé par François Barrault, l’échange a conquis un public nombreux, reparti enthousiasmé et curieux, preuve que même les grands noms de l’Histoire peuvent encore surprendre. © Violaine Le Hardÿ de Beaulieu

10/04/2025

Tous les articles