Virginie Dupont
10 October 2025
© Gaëlle Le Boulicaut
Niché dans la campagne nantaise, au bord de l’Erdre, Le Manoir de la Régate cultive une cuisine à la fois attachée à son terroir et tournée vers l’avenir. Aux commandes, le chef Mathieu Pérou défend une gastronomie sensible, récompensée depuis 2021 par une étoile Michelin et une étoile verte, reflet de ses convictions écologiques. En salle, sa sœur Anne-Charlotte, primée pour son accueil par le Guide rouge en 2022, veille à l’harmonie du service. Natif de la région, Mathieu travaille avec des producteurs locaux choisis pour la qualité de leurs produits et leur engagement durable. Cette attention au vivant et aux savoir-faire s’exprime aussi dans des collaborations avec des artisans du cru : couteaux façonnés par un jeune coutelier, éléments en bois brut en guise d’écrins pour les mises en bouche et, surtout, vaisselle sur mesure signée Ambre Hervo. “En réponse aux plats imaginés par le chef, je crée régulièrement de nouvelles pièces. Les formes et finitions évoluent, mais l’esthétique épurée perdure, pour mettre en valeur sa cuisine colorée et truffée de détails”, explique la céramiste. Ces collaborations s’inscrivent dans une démarche artisanale assumée, fondée sur le respect du temps de création. “On ne donne pas de délais, presser un artisan ne sert à rien. C’est un maillon essentiel de la chaîne du goût”, précise Anne-Charlotte.
© Gaëlle Le Boulicaut
© Gaëlle Le Boulicaut
Début 2025, le restaurant a été entièrement repensé par l’architecte Aymeric Masson, avec pour ambition de faire de la salle un écho à la cuisine et à la nature environnante. Quatre artistes ont investi les lieux, dont la Belge Adeline Halot, qui signe deux rivières suspendues en lin et inox, tissées à la main. Le résultat ? Une mise en scène cohérente, où chaque choix participe à une expérience immersive. “Aujourd’hui, les différents salons racontent, chacun avec sa singularité, la même histoire que nos plats. Ils offrent plus de confort, plus d’intimité”, confie le chef.
Le Manoir de la Régate • 155 route de Gachet, Nantes • manoirdelaregate.com
© Sights Agency
Né d’une grappa de fin de soirée entre trois amis, dont Mathias Giannuzzi, chef de La Cantinetta à Liège, Brutti est un food truck qui marque les esprits autant par sa cuisine que par son look. À la carte : une street food généreuse et conviviale, comme le crapuloso, une puccia (pain rond des Pouilles) garnie de porchetta grillée à la plancha – ou, en version végétarienne, de mozzarella fumée et purée d’artichauts – avec mayonnaise à la truffe, compotée d’oignons rouges au romarin, parmesan et roquette. À picorer aussi, une série de cicchetti, ces petites bouchées à enchaîner tout au long du repas, comme à Venise, pour une touche de raffinement.
© Sights Agency
© Sights Agency
Auteur de l’identité singulière de ce food truck, le graphiste liégeois Nicolas Bebronne revendique une approche à la fois brute et vibrante, à l’image du tumulte napolitain qui l’inspire. “Mon univers conjugue l’effervescence populaire à un style rationaliste et géométrique, hérité du design italien des années 1970, avec en toile de fond l’élégance rigoureuse du logo Olivetti”, clame-t-il. Le bleu, clin d’œil au maillot du club Napoli, incarne une ferveur viscérale et une forme de rejet du Nord industrieux, tandis qu’un vert profond insuffle une touche d’élégance à l’italienne – celle qui fait que l’on est bien habillé, même dans une ville en pagaille. En arrière-plan, l’ambiance photographique évoque l’univers de Robbie McIntosh, photographe écossais fasciné par Naples. Son grain dense, texturé, presque granuleux, fait lui aussi écho à une quête d’ordre dans le désordre. Plus qu’un food truck, une esthétique à la fois sensible et ancrée dans le réel qui raconte Naples, ville de contrastes, où la poésie du design croise la rudesse du quotidien.
Brutti • Dans votre jardin ou lors de votre prochain événement d’entreprise • brutti.be
© Benjamin Baltus
Le 203 est une adresse unique, indissociable de son chef Richard Schaffer. Avec sa compagne Mathilde Hatte, ils ont pourtant eu envie d’imaginer une suite logique à leur aventure culinaire : Numéro Cent, 95 m² nichés à Saint-Gilles, pensés comme un refuge pour cuisiner, bouquiner, écouter un vinyle (ou la playlist Spotify dédiée). Conçu avec la complicité de l’architecte d’intérieur Elona Pinto, l’appartement reflète le goût du duo pour l’artisanat et le partage. Cette cohérence entre les deux projets, essentielle pour Mathilde et Richard, repose sur le même plaisir de recevoir, avec attention, générosité et exigence. Comme au 203, ils ont fait appel à la céramiste Marie Brisart, rencontrée il y a huit ans. “Il y a une connexion naturelle entre nous, qui a donné lieu à une véritable relation de confiance. On porte tellement d’attention à notre cuisine qu’il était évident d’en accorder autant à l’objet qui la porte”, souligne Mathilde.
© Benjamin Baltus
© Benjamin Baltus
Les céramiques de Marie Brisart, devenues une signature du restaurant, trouvent ici naturellement leur place, prolongeant l’attention portée aux détails que l’on distingue dans tous les choix qui façonnent Numéro Cent : cuisine en inox brossé sur sol rouge satiné, mobilier chiné par le studio La Kasbah, pièces belges signées Vormen ou Muller Van Severen… L’ensemble compose une esthétique locale, chaleureuse et engagée, où rééditions de classiques du design réédités côtoient créations contemporaines. Imaginée comme une cuisine à vivre, la pièce centrale accueille aussi une sélection de produits belges triés sur le volet : granola Bamboo, café Belga & Co, pâte à tartiner Buddy Buddy, kombucha Rish… Tandis que la salle de bains fait place aux soins gantois Ray Care, et que la bibliothèque rassemble livres et magazines choisis avec soin.
Numéro cent • 100 rue Saint-Bernard, Saint-Gilles • numerocent.be
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