• HLCÉ

Festival d'Udine : le bruit et la fureur

2 / 5 épisodes

CinémaFar East Film FestivalFilmUdine

Marcel Croës

26 April 2022

The Apartment with Two Women, à Udine

Une grenade dégoupillée : aucune image ne pourrait mieux décrire le long métrage coréen The Apartment with two Women que nous avons découvert avec stupeur hier après-midi. Présentant son film sur la grande scène du Festival, la cinéaste nous était apparue comme une jeune femme d’une timidité maladive, à peine capable d’articuler quelques mots. Kim Se-in a conquis un diplôme dans l’Ecole supérieure de cinéma de son pays et nous livre ici son premier film dont elle signe le scénario et la réalisation.

Qui aurait pu imaginer que cette personne aux allures rassurantes de chercheuse en mathématiques fractales allait nous livrer un brûlot pareil ? En 140 minutes, le récit situé en grande partie dans un appartement chaotique nous donne à voir la relation paroxystique entre une mère et sa fille de 20 ans qui se vouent une haine inextinguible. L’exécration réciproque ne connaît ici aucune limite. Non contente d’injurier sa progéniture, la mère la roue de coups et tente même de l’écraser en voiture sur un parking. Quant à la jeune Yi-jung, son unique obsession est d’humilier et de renier cette femme hystérique qui lui a donné le jour.

On reste ébahi devant un tel déchaînement de rage, qui évoque presque la folie meurtrière des Atrides dans la tragédie grecque. Mais à mesure que l’histoire progresse, le scénario  fort habile concocté par Kim Se-in nous révèle aussi l’égoïsme et la méchanceté de la fille, qui n’apparaît plus du tout comme une victime sacrificielle.

The Apartment with Two Women, à Udine

© DR

Tout cela pourrait relever de la surenchère gratuite, si l’interprétation formidable des deux comédiennes ne rendait vraisemblables les deux personnages, leur donnant même dans la dernière séquence une sorte d’humanité.

The Apartment with Two Women, à Udine

© DR

Le film est-il pour autant une réussite totale ? Il gagnerait à mon avis à être un peu élagué. Je lui trouve les vertus d’un diamant imparfaitement taillé. Mais on a rarement vu une première œuvre qui a nous administre ainsi un coup de poing dans le plexus solaire. Comment va évoluer le talent de Kim Se-in ? Si j’étais producteur, je mettrais cette artiste née au Pays du Matin Calme en tête de mon carnet d’adresses.

5 épisodes

Udine 2022

Sélectionner votre prochain épisode


Vernissage Art Brussels 2025

Vie mondaine

C’est au Palais du Heysel qu’avait lieu l’inauguration de la foire d’art contemporain Art Brussels, l’une des plus grandes d’Europe, regroupant pour sa 41e édition 165 galeries venues de trente-cinq pays. © Constance le Hardÿ de Beaulieu

24/04/2025

Publicité

"Les Damnés" : Roberto Minervini signe un western minimaliste

Cinéma

À mille lieues des westerns spaghetti et autres chevauchées spectaculaires, Roberto Minervini, dans “Les Damnés” se concentre sur l’humanité – ou la déshumanité – de ces personnages prostrés dans l’attente de l’ennemi. Sa caméra s’attache à filmer les visages, les gestes, les regards. Une magnifique intensité émane de ces « Damnés » où Dieu, la famille, les animaux et la peur s’entrelacent. Un film âpre et admirable, très justement récompensé à Cannes (Prix de la mise en scène, section Un certain regard). Rencontre avec Roberto Minervini sur la Croisette.

Tous les articles

Publicité

Tous les articles