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Maxime Delcourt

14 January 2020

© DR

Eventail.be - Votre vie ressemble à un vrai parcours du combattant. Pouvez-vous revenir un peu sur votre histoire ?

Marie-Pierra Kakoma - Je suis née au Congo en 1996. Deux ans plus tard, ma mère a fui la guerre avec la plus petite de mes sœurs. On l'a rejoint en 2000 et on a vécu cinq ans en Belgique avant de revenir au Rwanda. Dans le cadre de mes études, j'ai fini par me réinstaller en Belgique : j'ai eu mon bac ici, je me suis inscrite en fac de philosophie, mais je rêvais surtout de faire carrière dans la musique. Déjà, petite, j'étais cette fille qui chante dans toutes les fêtes de famille et récite des poèmes.

- Vous avez vécu dans la rue également...

- Oui, c'est une époque où je multipliais les petits boulots et où je calculais un peu tout : si je touchais 200 euros, par exemple, je me disais que je pouvais tenir deux semaines. Tout ce que je voulais, c'était faire de la musique et manger. L'appartement et toutes ces questions logistiques, c'était finalement secondaire. Surtout, j'ai pu me rendre compte que les conditions sont horribles dans les lieux d'accueil. J'ai fait deux nuits là-bas, et j'ai préféré élire domicile sur un banc...

- Ce qui est fou, c'est que ça fait des années qu'on vous voit donner des concerts à Bruxelles ou ailleurs...

- Oui, je dois être à presque 300 lives ces dernières années. Ça m'est même arrivée de voir des gens chanter les morceaux avec moi sur scène. Mais la vérité c'est que c'est très compliqué de sortir de l'underground en Belgique. Surtout que je chantais en anglais et que je faisais un mélange de trip-hop et de R&B... Maintenant que je suis signée chez Columbia et que je chante en français, j'ai l'impression que les portes commencent à s'ouvrir.

- En plus de votre premier single, Dilemme, un premier album doit arriver au printemps 2020. Pouvez-vous revenir sur sa conception ?

- En réalité, ça fait deux ans que je bosse dessus. Pendant un an, j'étais toute seule, dans des caves de Molenbeek. Puis j'ai réussi à entrer en contact avec El Guincho, le producteur de Rosalía, qui m'a invité à Barcelone et avec qui j'ai réussi à trouver ce son qui irrigue tout l'album. À la base, je pensais qu'il allait simplement travailler un ou deux morceaux. Mais il a tellement aimé qu'il a voulu tout faire. Et c'est tant mieux parce qu'il m'a permis de réaliser toutes mes envies, il a repoussé les limites que je m'imposais inconsciemment.

- Vous aviez des références en tête au moment de l'enregistrer ?

- Je suis admirative d'artistes comme Cesária Évora, Stromae, Prince ou Michael Jackson. Tous ont réussi à produire des albums iconiques et tous ont comme particularité de chanter dans leur langue natale. Ça m'a convaincu de me mettre au français. Après tout, c'est la langue dans laquelle je m'exprime le mieux, celle qui me permet d'exprimer le plus d'émotions personnelles. Quitte à parfois me laisser aller à des paroles un peu plus dures. Mais bon, exprimer sa colère musicalement, ça ne fait de mal à personne. C'est humain, ça défoule.

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