Thomas de Bergeyck
07 May 2025
Des hommes, des hommes et encore des hommes ! C’est le continuel défilé auquel nous avons droit ces derniers jours depuis le décès du pape François. Le déroulement des cérémonies vaticanesques nous rappelle cette réalité : au sommet de l’Église, les femmes sont personae non gratae. Je n’en ai pas vu une seule durant toutes ces journées. Certes, vous me rétorquerez que les femmes ont leur place dans les chapelles : il y a les bonnes du curé, les diaconesses, les femmes prêtres ou évêques dans certaines églises comme chez les anglicans ou les protestants luthériens. Et bien sûr il y a les saintes célèbres comme Catherine de Sienne ou Thérèse d’Avila, qui ont eu une immense influence spirituelle. Mais jamais aucun accès à un pouvoir hiérarchique réel (le Pape François avait tout de même défrayé la chronique le 6 janvier dernier en nommant pour la première fois une femme préfet d’un dicastère de la Curie, équivalent du poste de ministre dans le plus petit État du monde : sœur Simona Brambilla, ndlr)
Victoria Matthews, évêque anglicane canadienne d'Edmonton de 1997 à 2007, puis de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, de 2008 à 2018 © New Zealand Government, Office of the Governor-General/CC by 4.0
Les femmes ont toujours été boudées dans une institution construite sur une hiérarchie exclusivement masculine. Le sacerdoce, c’est-à-dire la prêtrise, est réservé aux hommes dans la tradition catholique. Même si, pour devenir pape, il n’est officiellement pas nécéssaire d’être ni cardinal, évêque ou même prêtre, les puristes expliquent que Jésus était un homme, et qu’il n’avait convoqué autour de lui que des apôtres masculins. Tout serait parti de là. Culturellement aussi, le christianisme s’est construit dans des sociétés patriarcales, où le rôle de la femme était plutôt celui de gestionnaire du foyer, de nourricière et d’accueillante. On a longtemps considéré que les femmes étaient “trop faibles”, “trop émotives” ou “trop tentatrices” pour exercer l’autorité spirituelle. Tout cela a duré des siècles. Alors oui, les lignes bougent. Mais les crânes majoritairement dégarnis continuent à faire la pluie et le beau temps sous nos arcs-boutants.
Sœur Simona Brambilla, première femme préfet d’un dicastère de la Curie © Alessia Giulina/Catholic Press Photo
Cela dit, je ne peux m’empêcher de songer à cette légende qui fut tenace durant des années à Rome, celle de “Jeanne la papesse” vous la connaissez ? Un personnage légendaire qui aurait accédé au trône pontifical en se faisant passer pour un homme. Johannes Anglicus au IXe siècle aurait … accouché en public alors qu’il/elle participait à une procession, révélant ainsi sa véritable identité. De là serait née la tradition de la chaise percée, où les attributs masculins étaient officiellement “tâtés” par un évêque pour vérifier qu’il n’y aurait plus méprise. Sans aller jusque-là, comme tout mérite réflexion de nos jours, celle-ci pourrait bien trouver sa place dans le débat très sensible de l’égalité, pourtant si chère à nos dieux.
Photo de couverture : © DR/Photo News
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