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Berlinale 2017 : l'élégance d'Aki Kaurismäki

berlinale2017

Rédaction Eventail

16 February 2017

© Sputnik Oy

[caption id="attachment_17165" align="alignnone" width=""]Sherwan Haji, Simon Hussein Al-Bazoon, Sakari Kuosmanen Malla Hukkanen dans The Other Side of Hope de Aki Kaurismäki[/caption]Toute cette semaine vivez l'ambiance du Festival international du film de Berlin avec notre envoyé spécial sur place : Marcel Croës.

Chaque grand festival a ses abonnés. Je me souviens d'avoir découvert ici il y a un quart de siècle les premiers longs métrages d'Aki Kaurismäki. Depuis lors, le réalisateur finlandais est revenu bien souvent au bord de la Spree, emmenant parfois avec lui son orchestre Leningrad Cowboys, qu'il appelait lui-même « le plus mauvais groupe de rock de la planète » (les concerts se terminaient généralement dans un état d'ébriété avancée). Cette année, Kaurismäki reste fidèle, avec The Other Side of Hope (L'autre côté de l'espoir), à son système de production : film à petit budget, acteurs locaux, mise en scène minimaliste dont l'élégance va de pair avec la simplicité. La seule différence est que pour la première fois il a introduit dans son scénario un élément étranger : un des deux protagonistes est un demandeur d'asile syrien qui débarque à Helsinki comme passager clandestin et s'efforce d'échapper aux contrôles policiers. L'autre anti-héros (car pour l'auteur de La Vie de Bohème il n'y a jamais de personnages triomphants) est un ex-voyageur de commerce reconverti – avec des succès variables - dans la restauration.

 
Sherwan Haji, Nuppu Koivu, Janne Hyytiäinen, Sakari Kuosmanen, Ilkka Koivula, Malla Hukkanen dans The Other Side of Hope de Aki Kaurismäki © Sputnik Oy 

Les destins des deux hommes ne se rejoignent qu'après 40 minutes. Et, paradoxalement, ces sans-grade qui évoluent plus ou moins en marge de la société (réfugiés syriens ou irakiens, employés besogneux du restaurant) finissent par former une sorte de communauté où – comme dans le magnifique Homme sans passé (2002) – on s'entr'aide sans faire de discours, simplement par respect de l'autre. Il y a dans tous les films de Kaurismäki une vertu que faute de mieux on appellera l'humanité, et que je trouve bien rare aujourd'hui à l'écran. J'ajoute que le cinéaste arrive à éviter tous les pièges qui surgissent quand on aborde en ce moment le sujet des réfugiés : le traitement purement documentaire, la sentimentalité, le prêchi-prêcha politico-social, la dénonciation des procédures d'accueil. Et finalement, il y cette drôlerie constante dans les situations et les dialogues, un humour pince-sans-rire et flegmatique qui illumine toute la filmographie de Kaurismäki. Puisse-t-il revisiter encore longtemps la Berlinale !

 
 © Zeroonefilm


Cette année, le Festival a salué à deux reprises un artiste du 20e siècle. Dans Final Portrait, Stanley Tucci évoque les séances interminables infligées à un jeune Américain qui avait imprudemment consenti à poser pour Giacometti (chronique à retrouver dans l'épisode II des carnets de visionnage berlinois ici). Beuys, en revanche, est un documentaire consacré, trente ans après sa mort, au plus célèbre provocateur de l'après-guerre. Le cinéaste allemand Andres Veiel a épluché une montagne de documents, la plus part inédits (interviews, reportages, photos, bandes vidéo), pour retracer l'itinéraire d'un homme qui de son vivant était déjà devenu une légende. Beuys – comme Warhol – avait compris qu'à une époque médiatique il faut s'inventer un personnage (les accessoires emblématique étant, dans son cas, l'éternel chapeau et le gilet aux multiples poches). Mais le mérite du film est d'aller au-delà de certains clichés pour explorer la personnalité complexe de celui qui passait tantôt pour un génie, tantôt pour un mystificateur.

 
© Zeroonefilm 

On revoit ici des étapes décisives. Par exemple la véritable secousse sismique provoquée par l'éviction de Beuys de son poste de professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf (la police locale est même appelée en renfort !). Ou la mémorable cohabitation, dans l'espace clos d'une galerie new-yorkaise, de l'artiste enveloppé de feutre avec un coyote. Visionnaire, Beuys a plus d'une fois devancé des mouvements sociétaux. Il a plaidé pour un revenu universel bien avant un certain Benoît Hamon. Il a rejoint en Allemagne le parti des Grünen, avant d'en être éjecté plus tard pour de misérables raisons électorales. Et surtout, il n'a cessé de répéter - en héritier lointain, à mon avis, de Marcel Duchamp – que l'art n'était pas autonome et qu'à la limite tout le monde pouvait être artiste. Contrairement à ce que certains imaginent – et le film montre bien cet aspect – l'homme qui, au lieu d'exposer une œuvre planta 7000 chênes à la Documenta de Kassel, avait aussi un énorme sens de l'humour. N'a-t-il pas répondu à ceux qui voyaient en lui un doctrinaire prisonnier du sérieux allemand : « Je ne crois pas à une révolution d'où le rire serait absent ».

Située dans l’ancien espace occupé par le théâtre municipal, la fontaine Tinguely (1977) est l'un des emblèmes de Bâle. © Shutterstock

Le centenaire de Jean Tinguely à Bâle et plus encore

Art & Culture

La ville de Bâle aura accueilli bien plus que le médiatisé Concours Eurovision en cette année 2025 puisqu’elle célèbre également le centenaire de Jean Tinguely, l’artiste des machines absurdes et poétiques, mari et partenaire de Niki de Saint Phalle avec qui il forma le couple d’artistes le plus mythique du XX° siècle. L’occasion d’une escapade culturelle divertissante en visitant le Musée Tinguely mais aussi d’autres endroits et institutions qui font de cette ville médiévale, un carrefour du monde de l’art en Europe centrale.

Forum de Lobby spécial Immobilier

Vie mondaine

Le mardi 10 juin dernier, dans le cadre de l’iconique Claridge, un ancien cabaret à Bruxelles, l’équipe de LOBBY a célébré la sortie de son nouveau magazine, spécial Immobilier, une coupe de bulles Guy Dumangin à la main. Comme pour chacun de nos événements, nous avions mandaté de passionnants orateurs que sont Next Day Real Estate, Infobeton, AG Real Estate, GCEA, Belgian Workspace Association, Koramic Real Estate et James Realty. Le tout encadré par Barbara Louys, modératrice de talent. Suite au débat, les quelque 150 participants se sont retrouvés pour le cocktail de networking. À noter : notre prochain événement spécial Finances aura lieu le mercredi 10 septembre prochain, au Cercle Gaulois, et promet d’être aussi grandiose !

10/06/2025

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En direct de Cannes : Kristen Stewart, Léa Drucker, Hafsia Herzi en haut des marche

Cinéma

L’un des films les plus attendus du Festival est “The Chronology of Water” (sélection Un certain regard), le premier long métrage réalisé par Kristen Stewart et produit par Ridley Scott himself. Le film, basé sur les mémoires du même nom de Lidia Yuknavitch (interprétée par Imogen Poots), suit Yuknavitch alors que sa carrière prometteuse déraille à cause de la drogue et de l’alcool. Elle finit par s’en sortir, devenant une écrivaine remarquée et collaborant avec Ken Kesey pour son roman « Caverns » ( Jim Belushi, parfait). Quasi expérimental, truffé d’images cérébrales et de réminiscences sonores, “The Chronology of Water” nous plonge dans les douleurs et des traumatismes indicibles.

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