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Sam Szafran l’intime révélé

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Camille Misson de Saint-Gilles

06 October 2025

Les murs d’Ader Brussels, avenue de Tervueren, ont accueilli une exposition rare et précieuse : une sélection d’œuvres de Sam Szafran issues de sa propre collection, présentées pour la première fois à Bruxelles avant leur vente aux enchères à Paris. L’occasion, pour les amateurs d’art aussi bien que pour les collectionneurs, de redécouvrir ce peintre majeur du XXe siècle, dans une lumière inattendue, intime, presque confidentielle.

Né Samuel Berger à Paris en 1934, Sam Szafran appartient à cette génération d’artistes dont l’œuvre est indissociable de la blessure historique. Fils d’émigrés juifs polonais, il traverse une enfance marquée par la Seconde Guerre mondiale, la séparation familiale, l’exil. C’est en 1951, à son retour en France, qu’il s’engage dans l’art — sans passer par aucune académie. Szafran est un autodidacte passionné, habité par le besoin vital de dessiner. Il fréquente les cercles intellectuels et artistiques de l’après-guerre, découvre l’abstraction, expérimente le collage, puis revient très tôt à la figuration. Ce choix, singulier à l’époque, l’éloigne des avant-gardes dominantes. Il devient peu à peu l’un des grands solitaires de la peinture moderne.

© Ader

La magie des lieux intérieurs

Szafran est aujourd’hui reconnu pour ses œuvres foisonnantes et hypnotiques : des escaliers vertigineux, des verrières déformées, des ateliers débordant de philodendrons… Ses compositions, à la perspective fuyante et parfois hallucinée, traduisent à la fois l’obsession de l’espace, le refuge du quotidien et la tension de l’esprit. L’Orangerie à Paris lui a consacré une rétrospective majeure en 2022, confirmant la place essentielle qu’il occupe dans le paysage artistique français. La maison Ader présente un pan beaucoup plus intime de son travail : des autoportraits réalisés dans les années 1950, des compositions abstraites rarement montrées, des études de nus, des collages et des expérimentations au fusain ou à l’encre. Autant de pièces que l’artiste avait conservées toute sa vie, formant une sorte de journal plastique secret, loin des formats iconiques.

Lilette aux philodendrons, ca. 2017, une aquarelle de l’épouse de l’artiste. © Ader

Trois œuvres, trois regards

Parmi les pièces phares, on découvre Lilette aux philodendrons (ca. 2017), une aquarelle sur soie d’une grande délicatesse, où le végétal envahit l’espace et semble dialoguer avec la figure aimée. Dans Autoportrait dans l’atelier (ca. 1955), Szafran se représente jeune homme, esquissé à grands traits, déjà replié dans l’introspection de l’atelier. Plus surprenant encore, Composition (1956) dévoile un moment de bascule entre abstraction lyrique et figuration intérieure, témoignage précieux d’une période de recherche.

L’exposition était visible à l’adresse bruxelloise de la prestigieuse maison de vente, du 11 septembre au 3 octobre, avant d’être vendue le 22 octobre à Paris. Un moment rare, pour découvrir non seulement le geste d’un grand dessinateur, mais l’intériorité d’un homme qui, toute sa vie, a fait du dessin une forme de résistance silencieuse au vacarme du monde.

Photo de couverture : En vente également, une caisse de pastels de l’artiste. © Ader

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