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Corinne Le Brun

04 January 2023

Enlevé puis libéré par une organisation d’extrême droite, le Parfum vert, Martin est pourchassé par la police. Il devient le suspect numéro un. Sa fuite, à travers l’Europe (en passant par Bruxelles), va le mener jusqu’à Budapest. Martin est aidé par Claire, auteure de bandes dessinées confidentielles, harcelée par sa mère (Sandrine Kiberlain). Le film noir vire à la parodie. La comédie marie Hergé et Hitchcock avec, en toile de fond, le fascisme et l’antisémitisme. C’est beaucoup pour un seul film. Le pari est réussi grâce au formidable duo que forment Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain, réunis pour la première fois au cinéma. Rencontre au Festival de CannesLe Parfum vert était présenté à la Quinzaine des Réalisateurs.

Eventail.be – Le film fait largement allusion à la BD. Le 8ème art vous a motivés?
Vincent Lacoste – La BD est une des choses qui m’ont attirée dans le scénario parce qu’il raconte un univers un peu burlesque et cartoonesque. Mais c’est plus le cinéma de Nicolas Pariser qui m’a plu car il fait plein de références à Tintin et à Hitchcock. Par ailleurs, je suis quand même un grand fan de BD et de Tintin. Je trouve chouette que la bande dessinée soit évoquée dans un film, que ce soit un dessin animé ou une adaptation.
Sandrine Kiberlain –  la BD n’est pas un de mes dadas mais j’adore l’idée qu’elle entrait dans le film. Le fait que le personnage que j’incarne soit dessinatrice de BD, je la trouve, du coup, éminemment sympathique. Claire est créative, elle a de l’esprit. Elle est indépendante, libre, avec un esprit singulier, forcément, puisque la BD est un univers très personnel. Le film m’a attirée parce que je connaissais le cinéma et l’écriture de Nicolas (Pariser) que j’aimais beaucoup. Aussi parce que j’avais envie de jouer avec Vincent. Je pressentais qu’on allait trouver un rythme commun, réaliser quelque chose qui allait être facile. En outre, le Parfum vert est vraiment un film de pur divertissement. Quand j’étais gamine, j’aimais voir ces films-là. On m’interdisait parfois de voir la fin et je me demandais toujours si les héros allaient se mettre ensemble, un peu à la manière de Philippe de Broca, de Hitchcock qui sont des références cinématographiques de Nicolas.

© DR

Que pensez-vous du cliché d’une femme attirée par un homme beaucoup plus jeune, présent dans le film ?
S.K. – La différence d’âge est plutôt inversée. Oui, les choses ont bougé. Mais on n’y a pas pensé, je crois. On ne demande pas la pièce d’identité des personnages. On sent que Claire a plus de vécu que Martin mais ce n’est pas forcément quelque chose d’identitaire pour mon personnage et important pour l’histoire.
V. L. – D’ailleurs, l’histoire d’amour est aussi inattendue que l’aventure. Cela fait partie du film. Nicolas ne voulait pas s’attarder sur la différence d’âge. En même temps, alors que des films d’Hitchcock ou du vieux Hollywood mettaient en scène des hommes plus âgés avec des femmes plus jeunes, personne ne se posait la question. D’une certaine manière, pourquoi cela ne pourrait pas être l’inverse, sans que personne ne s’interroge.
S.K. – Ceci dit, j’aime beaucoup que les récits amoureux appartiennent à rien d’autre qu’à une histoire d’amour. On ne sait jamais de qui on va tomber amoureux, ni à quel âge. J’ai aimé des hommes de vingt ans de plus que moi et je pourrais tomber amoureuse d’un homme plus jeune. Je m’en fiche, en fait.

© DR

– Qu’est-ce qui vous attire dans le film noir ?
V.L. – Il nous tient en haleine. C’est romanesque, haletant. Le côté marrant dans Le Parfum vert, réside dans le décalage total entre un film noir qui est contrebalancé par le burlesque, la légèreté et l’humour que les personnages gardent malgré ce qui leur arrive. A priori, ce ne sont pas des choses qui se produisent dans la vie.
S.K. –  Le Parfum vert est un mélange de Tintin, Corto Maltese et Hitchcock. Il y a un côté décalé. Il réunit deux personnages très névrosés. Ils ne vont pas forcément bien, ni l’un ni l’autre. Ils sont entraînés dans une aventure qui va les emmener ailleurs et qui va faire qu’ils vont changer. Des choses arrivent toujours dans un imprévu qui, là, est très cinématographique mais qui est aussi le sel de la vie. Dans la vraie vie, les choses n’arrivent jamais quand, ni comme on s’y attend.

© DR

Quels ont été les tournants dans votre carrière ?
V.L. – Quelques films ont changé ma vie. C’est l’avantage de faire ce métier. Ce sont des rencontres qui changent une vie d’acteur, je pense. J’ai commencé le cinéma par hasard. Donc cela a changé ma vie totalement puisque j’ai été repéré alors que j’étais en train de manger à la cantine du collège. Je suis devenu acteur tout d’un coup. Ensuite, j’ai rencontré d’autres metteurs en scène, par exemple, Thomas Lilti pour Hippocrate (2014) qui a changé le type de rôle qu’on m’a proposé puisque j’incarnais un personnage plus mature, moins adolescent. Ensuite, il y a eu Victoria (2016) qui m’a apporté plus de rôles d’hommes dans la séduction. Ce sont les cinéastes qui m’ont fait évoluer dans ma vie d’acteur.
S.K. – Eric Rochant m’a fait jouer dans Les Patriotes (1993), rôle pour lequel personne ne m’aurait imaginée, celui d’une jeune call girl dans un film d’espionnage. Après, j’ai été choisie par Laetitia Masson pour En avoir(ou pas) (1995) qui m’a ouvert les portes du cinéma plus d’auteur. Ensuite, Rien sur Robert»- de Pascal Bonitzer (1998) a eu un impact comique que je n’avais jamais joué au cinéma. Cela m’a amenée à des films plus burlesques. Puis, j’ai joué dans Un autre monde de Stéphane Brizé (2022), un film émouvant et intimiste. Depuis que je fais du cinéma, j’ai l’impression d’apprendre quelque chose sur moi, de mieux me connaître à travers le rôle que le réalisateur me confie. J’ai grandi avec le cinéma.

Rembrandt van Rijn, Vieillard à grande barbe

Arts & Culture

France, Paris

Du 22/03/2024 au 30/06/2024

Informations supplémentaires

Titre

Le Parfum vert

Réalisation

Nicolas Pariser

Distribution

Vincent Lacoste, Sandrine Kiberlain

Sortie

En salles

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