Éric Jansen
10 April 2024
“Je me suis inspirée de l’univers de Christian Dior, de son amour des jardins et des fleurs, pour créer des bougeoirs Hydrangea, des paniers dans lesquels on peut mettre le pain ou qui peuvent servir de cache-pot, une feuille avec un bol pour la sauce…” Autant de créations en bronze qu’elle a imaginées dans son atelier milanais et qui sont précieuses : elles ne sont éditées qu’à cinquante exemplaires. D’ailleurs, il faudrait plutôt parler de petites sculptures quand on considère le travail d’Osanna. Après avoir découvert la technique de la cire perdue, elle a délaissé la conception de bijoux, qui lui avait déjà apporté une certaine notoriété, pour se consacrer à la réalisation de pièces décoratives – chandeliers, vases, lampes, miroirs, tables – flirtant entre art et artisanat. “Je tiens à la notion d’utilité. Je crée des objets avec lesquels je suis heureuse de vivre.” Modelées à la main, puis moulées et fondues en bronze, ses créations sont reliées entre elles par un fil rouge : la nature. Une branche d’arbre l’inspire, tout comme les pétales d’une fleur, avec aussi, en creux, l’idée d’immortaliser la beauté éphémère des choses. “Ce que j’aime le plus dans mon travail, c’est la dimension d’éternité.” Aussi délicate et raffinée que ses œuvres, Osanna nous livre quelques endroits où on peut la croiser à Paris, avant de repartir pour Milan où l’attend la frénésie du Salone del Mobile et la présentation d’un mobilier en bronze dans le fameux Nilufar Depot de Nina Yashar.
Bougeoir Ortensia en bronze pour Dior © Osanna Visconti
Boutique Dior, 30 Avenue Montaigne à Paris
“Dans la boutique Dior entièrement refaite par Peter Marino, il y a au premier étage un restaurant très agréable pour déjeuner avec une amie. La carte est signée par Jean Imbert, le chef du Plaza Athénée qui se trouve en face, et tous les plats sont d’un grand raffinement, servis bien sûr dans la jolie vaisselle Dior Maison. L’atmosphère est calme et lumineuse, ce qui n’est pas si courant à Paris. Ensuite, on peut en profiter pour aller visiter la galerie Dior, où sont exposés des modèles de la maison de couture, au fil de ses créateurs.”
30 Avenue Montaigne 75008 Paris • dior.com
E.DEHILLERIN, spécialiste du matériel de cuisine
“Une amie qui cuisine beaucoup mieux que moi m’a fait connaître cette boutique extraordinaire, spécialisée dans les ustensiles de cuisine. Fondée par Eugène de Hillerin en 1820, l’enseigne a comme devise : aider modestement à promouvoir la cuisine française. À l’intérieur, on a l’impression que rien n’a bougé depuis deux siècles, mais ce n’est pas un musée, c’est une caverne d’Ali Baba, avec toutes les tailles imaginables de casseroles, poêles, marmites, moules et autres terrines ! De quoi vous motiver pour cuisiner le week-end !”
18-20 Rue Coquillière, 75001 Paris, France • e.dehillerin.fr
Clubroom Invisible Collection © Rodrigo Rize
“C’est une galerie qui ressemble à un salon cosy, avec au premier étage une minuscule salle à manger, où Isabelle Dubern présente ses nouveautés. Je l’avais connue il y a dix ans, lorsqu’elle travaillait pour la maison Diptyque. À l’époque, je commençais à leur faire des photophores. Elle a depuis créé son site The Invisible Collection et je suis admirative de sa réussite. En quelques années, elle est devenue la vitrine d’une cinquantaine de designers. J’ai d’ailleurs créé pour elle des cuillers, des vases, des bougeoirs, une table d’appoint…”
20 Rue Amélie, 75007 Paris, France • theinvisiblecollection.com
© Librairie Galignani
Le "plateau-bibliothèque", ancien studio photographique de Karl Lagerfeld © Mathieu Zazzo / Librairie 7L
“J’ai grandi entourée d’œuvres d’art, mes parents collectionnaient, et j’ai toujours eu une attirance irrésistible pour les livres d’art. J’y trouve souvent l’inspiration. Évidemment, à Paris, la librairie Galignani est incontournable et j’y passe beaucoup de temps, mais j’ai découvert sur la rive gauche la librairie 7L, qui appartenait à Karl Lagerfeld. D’ailleurs, au fond d’un couloir, on accède à sa gigantesque bibliothèque, qui était aussi son studio photo. Les milliers de livres n’ont pas bougé et servent aujourd’hui de décor à des signatures.”
La Grande Bellezza © L’officine Universelle Buly
“On m’a offert un jour un savon avec mes initiales et j’ai trouvé cela tellement joli que je suis allée pousser la porte de cette boutique, qui a un charme fou. C’est tellement bien fait qu’on croirait qu’elle a traversé les siècles, or elle a été inaugurée en 2014 ! Mais elle est l’œuvre de Ramdane Touhami et Victoire de Taillac, qui sont des génies du marketing et de la beauté. Non seulement ils ont relancé la marque, mais ils ont créé son identité. Et les noms des produits sont magiques : Pommade virginale, Huile antique, Baume des muses…”
Lampadaire Panthéon de Mauro Fabbro, chaise Klismos et table de Robsjohn-Gibbings. © Éric Jansen
“J’aimais déjà sa galerie avant de rencontrer l’homme. Je me suis retrouvée assise à côté de lui lors d’une réception et nous avons immédiatement sympathisé. Très rapidement, nous avons convenu d’une collaboration et je lui ai fait une table basse en bronze à partir d’un tissu ancien. Je suis particulièrement flattée de la voir à présent mise en scène entre des fauteuils de Gio Ponti, une lampe d’Hervé Van der Straeten et un vase de Fornasetti. Alexandre Biaggi a l’art des mélanges, il sait parfaitement faire dialoguer XXe et XXIe siècles.”
galerie Alexandre Biaggi • 14, rue de Seine, 75006 Paris • alexandrebiaggi.com
Photo de couverture : Osanna Visconti © Fabrizio Cicconi